Afrique économie – Mining Indaba: encadrer ou réprimer les activités minières artisanales [5/5]

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Selon la Banque mondiale, l’Afrique abrite le plus grand nombre de mineurs artisanaux : d’après une estimation de 2019, ils seraient au moins 10 millions. Et ce sont en tout 60 millions de personnes qui dépendent du secteur minier informel. Impossible pour les pays concernés d’ignorer cette activité, d’autant que les revenus de ces ventes échappent aux États, partagés entre stratégie punitive et approche collaborative

En Afrique du Sud, ils seraient au moins 30 000 à tenter leur chance dans les anciens puits de mines désaffectées, pour récupérer des restes de minerais. Les activités des « zama zama » – « ceux qui essaient » en zoulou sont souvent orchestrées par des gangs. Malgré des appels à légaliser leur situation de plus en plus nombreux, le ministre sud-africain des Mines Gwede Mantashe se borne pour l’instant à une réponse punitive.

« Les activités minières illégales, c’est la même chose que du vol d’argent, tranche-t-il sans hésiter. Et donc nos policiers, avec le renfort de l’armée, se battent contre ces pratiques. J’entends des discours qui avancent que cette exploitation illégale s’explique par la pauvreté… et ils voudraient que cela devienne notre problème et qu’on leur donne des permis ! Mais la majorité de ces mineurs viennent du Lesotho, du Zimbabwe ou du Mozambique. Il y a peu de Sud-Africains concernés, c’est ça la réalité à laquelle on est confronté. »

Manque à gagner

Les pratiques illégales représentent un manque à gagner pour les États et elles alimentent les trafics, notamment dans le Sahel. La Tanzanie – qui n’est pas concernée par les mêmes niveaux de criminalité – a choisi une autre voie, puisque le gouvernement tente désormais de formaliser le secteur. « Notre pays a pu les recenser, leur donner des permis et lancer des marchés à minerais, détaille Steven Kiruswa, le vice-ministre des Mines. Et ainsi, nous sommes parvenus à contrôler le commerce illégal de la vente de ces minerais. Depuis le début de ces démarches, en 2017, on estime qu’on a pu récupérer 3,4 milliards de dollars de revenus pour le gouvernement grâce aux efforts pour formaliser le secteur. »

Mais la Zambie peine encore à régulariser tous les acteurs impliqués et à garantir leur sécurité : 22 mineurs artisanaux ont, par exemple, été tués dans un glissement de terrain le mois dernier. Ces activités à petite échelle ont aussi des conséquences environnementales sur le continent.

En République démocratique du Congo, la production artisanale de cobalt est aussi marquée par la corruption et le travail des enfants. L’entreprise générale du cobalt (EGC), qui a le monopole sur la vente artisanale, va bientôt lancer un programme pilote pour encadrer la production, selon son directeur, Eric Kalala : « On est entré en discussions avec plusieurs opérateurs, dont la Gécamines, pour obtenir des sites pilotes afin d’expérimenter et de tester, de manière empirique, les normes et les standards convenus, indique-t-il. On vient d’obtenir cinq carrés miniers en amodiation, qui seront orientés sur une phase de test dans le cobalt. »

Les experts soulignent qu’afin d’être suivies, les politiques de régularisation ne doivent être ni trop coûteuses ni trop complexes pour les mineurs artisanaux.

Source du contenu: www.rfi.fr

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