Afrique économie – Mining Indaba: restreindre l’exportation de matières premières brutes pour transformer localement [2/5]

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Afrique économie se penche en cinq volets sur le secteur des mines sur le continent, après l’évènement Mining Indaba qui s’est déroulé au début du mois au Cap, en Afrique du Sud. Les mines d’Afrique seront cruciales pour la transition énergétique. Mais à quelles conditions pour l’Afrique ? Afin de créer de la valeur sur le continent, la volonté de transformer davantage sur place est martelée, et certains pays vont jusqu’à mettre en place des restrictions à l’exportation de matières premières non transformées.

Avec notre envoyée spéciale au Cap, Claire Bargelès

L’année dernière, la Namibie a par exemple donné son feu vert pour l’interdiction d’exporter certains minéraux dits « critiques » non transformés, comme le lithium broyé, le cobalt, ou encore les minéraux de terres rares. « Comme la demande est élevée, nous estimons que nous perdons au change : nous devrions récolter le maximum de bénéfices de nos minerais », estime Isabella Chirchir, la commissaire des mines du pays. Elle estime qu’il faut désormais s’assurer d’apporter de la valeur ajouter aux minerais. Mais pour cela, une vision est nécessaire.

« Tout dépend de quelle étape on parle. Est-ce qu’on veut à termes se lancer dans la fabrication de batteries ? Bien sûr, dans 20 ans, souligne la commissaire des mines. Mais pour l’instant, on doit comprendre la chaîne de valeur, et dans le cas du lithium, voir s’il est possible de faire du concentré, ou aller jusqu’au carbonate, ou l’hydroxyde. »

Des interdictions d’exportation efficaces ?

Le Zimbabwe a lui aussi mis en place des interdictions similaires. Mais elles ne touchent pas les contrats déjà existants, et laissent la porte ouverte à des possibilités d’exemption. D’autres pays, comme le Ghana, y pensent aussi. Mais le ministre des terres et des ressources naturelles Samuel Jinapor se montre prudent. « En termes de calendrier, on interdira l’exportation des minerais bruts dans leur ensemble dans un futur assez proche, assure le ministre. Mais on ne veut pas mettre en place de politiques qui opposeraient deux camps. Les investisseurs sont des partenaires, pour arriver une situation gagnant-gagnant : l’État ghanéen gagne, et les investisseurs aussi. »

De telles interdictions ont été régulièrement, par le passé, mises en place puis supprimées, et selon un rapport de l’OCDE, elles n’ont pas forcément les effets escomptés pour développer une transformation locale. Attention pour lui, à ne pas mettre la charrue avant les bœufs. « Des expériences ont montré que lorsque des interdictions d’exportations sont mises en place sans la création d’une base industrielle dans le pays, avec des infrastructures, de l’électricité, des compétences nécessaires, la plupart de ces interventions ne sont pas très positives », précise Silas Olan’g, de l’Institut pour la Gouvernance des Ressources Naturelles (NRGI).

À l’image de l’Indonésie, les pays prennent aussi le risque que des différends soient amenés devant l’Organisation mondiale du commerce. Mais Jose Fernandez, sous-secrétaire d’État américain pour l’Économie, la Croissance, l’Énergie et l’Environnement, préfère prôner la coopération. « Tout pays doit décider comment il compte attirer les investissements. Il y a des pays avec lesquels on travaille et qui ont ces restrictions : c’est quelque chose que nos entreprises sont prêtes à accepter, pour amener de la valeur à leurs investissements », affirme-t-il. Selon les experts, les pays africains devront surtout créer des chaînes de valeur régionales afin de transformer ensemble ces minerais « critiques ».

Source du contenu: www.rfi.fr

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