Depuis plusieurs semaines, les routes cabossées de la capitale ougandaise font l’objet de campagnes sur les réseaux sociaux, mais aussi de débats politiques intenses. Ces routes en piteux état qui feraient perdre 1 million de dollars par jour à l’économie de Kampala, selon l’autorité de la capitale, KCCA.
Dans une vidéo publiée sur le réseau social X, on peut voir des Ougandais pêcher un vrai poisson dans un trou béant de la chaussée. Les actions dénonçant le mauvais état de la route se sont multipliées ces derniers temps, et politiques comme organisations de la société civile se sont emparés du sujet.
Julius Mukunda est le directeur de l’organisation, Civil Society Budget Advocacy Group (CSBAG), spécialisé sur les questions de redevabilité économique. Il évoque un problème à plusieurs niveaux : « Premièrement, il y a un manque de savoir-faire et une mauvaise planification. On construit des routes, mais on ne prévoit pas leur entretien, énumère-t-il. Deuxièmement, le prix des réparations est en augmentation, en partie dû à la corruption. Il y a également la question du manque de qualification pour trouver de l’argent. Et même quand les fonds sont disponibles, nous peinons à les décaisser. Il y a aussi des difficultés à collecter les taxes. Moins de recouvrement signifie moins d’argent disponible pour des postes comme le réseau routier. »
Un état des lieux peu reluisant pour l’autorité en charge des routes. La Kampala Capital City Authority (KCCA) est au cœur de cette politique. « Nous faisons de notre mieux, même pour réparer les nids-de-poule, ce qui n’est pas recommandé pour une route en fin de vie », s’est récemment défendu David Luyimbazi, le directeur adjoint de KCCA, sur une radio ougandaise. Pour lui, il ne s’agit pas d’un problème de corruption.
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Coût élevé du bitumage
Il préfère mettre en cause des problèmes structurels, un réseau routier vieillissant et de grosses contraintes budgétaires. « Il faut regarder les ressources qui nous sont dédiées. Par exemple le plan stratégique initié il y a quatre ans environ. Il requiert un budget d’1,4 trillion chaque année. Cette année, nous avions 550 milliards. Il y a une inadéquation entre les ressources que nous obtenons vis-à-vis des besoins. Cela vous donne une idée de la qualité des services que vous recevez ! », argumente le directeur adjoint de KCCA.
Quant au coût plus élevé du bitumage par rapport aux autres pays de la région, comme le Kenya, le directeur avance les contraintes logistiques liées à l’enclavement de l’Ouganda : « Tous les produits pétroliers nécessaires à la construction des routes doivent être acheminés depuis Mombasa, pointe-t-il. Nous utilisons du gravier pour les travaux, mais le gouvernement n’est pas propriétaire de la terre. C’est donc le marché qui détermine le prix des matériaux. La plupart des équipements doivent être importés ! »
Plusieurs prêts de bailleurs internationaux dédiés aux routes sont attendus dans les prochains mois et devraient permettre lancer des travaux de réhabilitation de la voirie dans les cinq prochaines années, selon le fonctionnaire. Pour la société civile, la priorité est de mettre en place des normes et standards et de lutter contre la corruption.
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