Croissance, inflation, hausse des dépenses publiques : les défis économiques sont nombreux en Algérie avant le scrutin de ce samedi 7 septembre. Si la rente pétrolière se porte bien, d’autres secteurs stratégiques peinent à redécoller comme l’industrie, désormais part infime de l’économie du pays.
Du pétrole et du gaz comme principaux moteurs de la croissance. C’est la recette ancestrale qui donne des ailes au président sortant Abdelmadjid Tebboune. Son objectif : doubler le Produit intérieur brut d’ici à trois ans. Le président-candidat s’emballait même un peu trop lors d’un meeting de campagne en déclarant : « Partie du bas du classement, l’économie algérienne est devenue aujourd’hui la troisième économie mondiale. »
Malédiction des hydrocarbures
L’économie algérienne est en fait la troisième du continent africain selon le Fonds monétaire international, notamment grâce à une rente pétrolière qui a grossi au gré des bouleversements internationaux et des augmentations de prix. Mais la thèse de Mohamed Loucif, enseignant en économie et finances publiques, c’est que l’Algérie connait une « malédiction » des hydrocarbures : trop de dépendance anéantirait toute tentative de diversification de l’économie.
« Nous observons la prégnance du secteur pétrolier et gazier dans l’économie, la prépondérance d’une logique de consommation par rapport à une logique de production avec une dépendance, notamment sur les matières premières – les importations de céréales dépassent les 60% par exemple –, et un manque de diversification de l’économie qui se traduit par un secteur industriel déclinant. Et ça, c’est un peu le paradoxe algérien. Ce qui pourrait être considéré comme un avantage comparatif est contre-intuitivement quelque chose qui peut obstruer le développement d’une économie », explique-t-il.
Côté entreprise, l’homme d’affaire Slim Othmani décrit un secteur privé en demi-teinte, malgré l’avènement d’un écosystème de start-up. Les investissements directs étrangers sont en net recul depuis plusieurs années. « En matière d’investissements, il y a un intérêt pour la destination Algérie. Les intérêts sont de plus en plus exprimés, assure Slim Othmani. Cependant, je pense que les investisseurs internationaux attendent plus de stabilité du cadre juridique qui continue malgré tout à être un peu fluctuant. En résumé : la confiance, ça se gagne, ça ne se décrète pas. »
Une élection cruciale pour l’économie
Pour renforcer cette confiance, l’Algérie vient d’intégrer la banque de développement des Brics, ce qui va permettre de mobiliser d’avantage de ressources sur les projets d’investissements. « L’élection présidentielle intervient à un moment crucial pour l’économie du pays, poursuit Mohamed Loucif. Il y a quand même eu la fin d’un cycle en 2020, un cycle qui a duré quasiment 20 ans. Là, il y a une un nouveau souffle. Donc il y a une vraie fenêtre d’opportunité pour enclencher ce virage dans le temps, et pour faire en sorte que le développement économique puisse véritablement prendre dans ce pays au bénéfice des entreprises, de la population, et même du continent africain. »
Taux de chômage de la jeunesse, inflation, manque d’infrastructures et déficit public qui se creuse… Autant de sujets majeurs qui attendent et prendront de la place sur la feuille de route du prochain président algérien.
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