Afrique économie – Sénégal: le port de Ziguinchor toujours à l’arrêt, de lourdes conséquences économiques

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Au Sénégal, ce nouveau rebondissement jeudi soir 15 février : le Conseil constitutionnel s’oppose au report de l’élection présidentielle. À Ziguinchor, en Casamance, dans le sud du pays, cette échéance est un espoir pour la reprise des liaisons maritimes entre Dakar et Ziguinchor. La suspension, effective depuis le mois de juin, et les violences qui avaient entouré le procès de l’opposant Ousmane Sonko, pèsent lourdement sur l’économie de la région du Sud.

De notre envoyée spéciale à Ziguinchor,

Calme plat au port de Ziguinchor. Le site est désert et les engins de manutention sont à l’arrêt. Avant, « il y avait du monde, il y avait du bruit », témoigne Lamine Diedhiou. Assis sous un arbre devant le portail, ce docker attend désespérément le retour des ferrys : « Je viens tous les jours, je suis tellement pressé que ça reprenne [Une pétition avait été lancée, ndlr]. Quand je rentre à la maison, ma femme et mes enfants, me regardent. Mais je n’ai rien. »

En juin 2023, la suspension avait été justifiée – officieusement – par des « raisons de sécurité nationale » après des émeutes. Huit mois après, c’est le statu quo. Une situation incompréhensible pour Malamine Mané, président d’une entreprise de manutention qui exerce au port de Ziguinchor. En temps normal, il gère le chargement et le déchargement du riz, du mil, de l’anacarde, de la noix de cajou ou encore de ciment. Un secteur d’activité qui emploie normalement beaucoup de monde. « Au temps de l’anacarde, je recrute 300 personnes, prend-il pour exemple. La Casamance est une partie intégrante du Sénégal. C’est extrêmement difficile et pitoyable », regrette-t-il.

Un peu plus loin, au port de pêche de Boudody, Kébé Samb est assise devant son étal de poisson. « Auparavant, je mettais mes poissons et mes crevettes dans des cartons, et je les expédiais par bateau pour les vendre à Dakar, détaille-t-elle. En deux ou trois jours, j’avais mon argent. Maintenant, je dois les mettre dans la glace, pour les vendre congelés, petit à petit, mais il y a des pertes. »

« L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA »

Actuellement, rien ne sort, rien ne rentre par le port. Certains produits qui arrivaient de Dakar manquent sur les marchés, comme les légumes. L’avion n’est pas une alternative, d’autant que l’aéroport de Ziguinchor est en travaux. Les vols sont transférés à Cap Skirring, à environ 70 kilomètres. Quant à la voie terrestre, elle est plus chère et moins sûre, explique Jean Pascal Ehemba, président de la Chambre de commerce de Ziguinchor : « Ce qui passe par la route, ce sont des petits volumes, ça ne fait pas tout à fait l’affaire. Et puis le chemin est trop long avec des risques d’accident. »

L’arrêt des activités portuaires a donc un impact économique important pour la localité. « L’impact est énorme, c’est à coup de milliards de FCFA, estime le président de la Chambre de commerce de Ziguinchor. Et c’est pour cela qu’on essaie de demander une aide de l’État, qu’il continue à faire sa mission régalienne pour pousser l’économie de cette région. »

Lors de sa visite à Ziguinchor le mois dernier, le Premier ministre Amadou Ba avait annoncé une reprise prochaine des liaisons. Le commandant du port l’assure, « des travaux de maintenance des bateaux et sur le chenal sont prévus pour un retour du trafic en toute sécurité ». Aucune date précise n’a encore été fixée.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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