Une nouvelle ligne ferroviaire de 283 kilomètres est en construction dans le nord du Nigeria. Elle partira de Kano, traversera trois États fédéraux, avec un terminus dans la ville nigérienne de Maradi. Un projet d’ampleur pour développer les échanges commerciaux entre les deux pays, malgré leurs récents différends diplomatiques.
« L’économie règle tout en vérité », lâche Yacouba Dan Maradi. Oubliées les prises de position anti-putschistes du président Bola Tinubu. Niger et Nigeria se veulent dans une relation gagnant-gagnant avec cette nouvelle ligne de train, alors le président du syndicat des importateurs et exportateurs du Niger est impatient. Le transport ferroviaire étant moins cher que la route, ces rails permettront aux produits nigériens de mieux s’exporter, il en est convaincu. « Ce segment va nous soulager, explique Yacouba Dan Maradi, comme vous savez, nous sommes un pays enclavé. Le transport représente une grande part de notre prix de revient. Il fait partie des éléments qui rendent un peu inaccessible nos produits. Elle va nous permettre donc de transporter par exemple nos minerais. De les acheminer au port le plus rapidement possible, à moindre coût ».
Un train pour la « stabilité politique »
Quinze stations, 1,3 milliard de dollars d’investissement pour l’achèvement du projet, cette ligne Kano-Maradi initiée par l’ex-président nigérien Buhari, lui-même originaire de ces régions du nord du pays, est financée et construite par un opérateur chinois. La mise en service complète est prévue en 2026. Il s’agit d’une infrastructure primordiale pour le Nigeria. Pour les échanges commerciaux… et pour pacifier la région, explique Adamu Garba II, entrepreneur dans le digital et membre de l’APC, le parti du président Tinubu : « Parfois, ce n’est pas qu’une question d’argent. C’est plutôt la recherche de la stabilité politique dans la région. Plus vous avez des voisins stables et prospères, mieux c’est pour vous. Nous essayons donc de tirer parti de la géopolitique des infrastructures pour nous assurer que le Niger soit fortement dépendant du Nigeria pour ses importations et exportations. Ainsi, les chances pour nous d’avoir un effet de levier sur le Niger sont beaucoup plus élevées. Cela nous rendra beaucoup plus stables, beaucoup plus prospères. Cette ligne apportera un bénéfice mutuel. »
Le défi de la sécurisation du train
Yacouba Dan Maradi s’interroge sur la sécurité de cette ligne. Les trains sont souvent ciblés par des attaques armées dans la région. Il appelle les deux pays à sécuriser le tronçon. « Avec l’avènement des drones domestiques et des drones militaires, il faut mettre à disposition tout ce qui est possible pour sécuriser la ligne, insiste-t-il. Le projet va coûter un peu plus de 2 milliards de dollars au final. Je pense qu’on ne peut pas investir autant d’argent et puis ne pas être regardant sur le côté sécuritaire. »
Avec l’extension de la ligne entre Lagos et Kano, c’est un corridor ferroviaire de près de 1 500 kilomètres, entre le sud du Niger et les ports nigérians, qui est en train de naître.
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