Plusieurs pays comme le Togo ou le Bénin ont suspendu ou interdit la transhumance transfrontalière, le vol de bétail étant vu par ces États comme une source de financement du terrorisme. Mais le Ghana, comme la Côte d’Ivoire, n’a pas souhaité bloquer les commerçants de bétail venus du Sahel, qui voyagent souvent au péril de leur vie.
Sur le marché de Gunayili, près de Tamale dans le nord du Ghana, de nombreux commerçants de bétail viennent du Sahel, soit par camion, soit à pied, en transhumance.
Gérer un tel marché n’est pas de tout repos. Ici, le chef du marché, Alhaji Iddrisu, règle les petites disputes comme les vols de bétail. Un propriétaire peut réclamer ses bœufs volés, car chaque troupeau est reconnaissable par une marque commune, comme une oreille entaillée.
Si le vol dépasse les frontières, c’est plus compliqué. « Si le signalement vient de Ouagadougou et qu’ils viennent arrêter ici les voleurs au Ghana, cette question dépasse le cadre de notre marché, explique-t-il. Nous ne traitons que les cas qui se produisent entre nous. Les cas internationaux sont toujours transmis à la police parce que nous ne traitons pas de telles questions ici. »
Origine inconnue
Aux frontières du Ghana, les éleveurs transhumants passent plusieurs contrôles avant de pouvoir entrer dans le pays. Ils se dirigent ensuite vers les marchés, comme celui de Tulaku, près de la capitale, pour vendre leurs bêtes.
Malgré tout, sur les marchés, impossible de savoir l’origine exacte des bœufs. « Ce marché est un marché international, souligne Issah Amartey, secrétaire général de l’Association des éleveurs et commerçants de bétail au Ghana. Vous ne pouvez pas vraiment savoir qui est qui. »
Un périple dangereux
Pour arriver jusqu’ici, les transhumants réalisent un long périple à travers le Sahel, parfois au péril de leur vie. « Un jour, un homme s’est fait agresser. On lui a demandé de payer une énorme somme d’argent. Nous avons voulu déposer plainte », mais l’homme a refusé, se souvient Issah Amartey.
Souvent, ces vols sont réalisés par des terroristes qui se financent grâce à la revente de bétail. Comment sécuriser le commerce de bétail ? « Le Ghana ne peut pas agir seul, juge Issah Amartey. On devrait prendre des mesures au niveau de la Cédéao. »
Contacté par RFI, le gouvernement ghanéen explique respecter le protocole de la Cédéao sur la transhumance, mais admet qu’il est difficile de surveiller tous les transhumants et leurs mouvements.
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