Le gouvernement français a acté cette semaine dix milliards d’euros de coupes budgétaires dans ses dépenses. Parmi les secteurs touchés : l’aide publique au développement (APD). Ces dernières années, alors que Paris avait affiché une politique ambitieuse dans le domaine, voulant attribuer 0,7% de son revenu national brut (RNB) à ce secteur, la France est devenue le quatrième pourvoyeur d’aide dans le monde. Le décret est finalement tombé, il y aura finalement 800 millions d’économies à faire.
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Deux programmes sont concernés selon le décret gouvernemental français. Tout d’abord le 110, qui concerne l’aide économique et financière au développement, sous la responsabilité de la direction générale du Trésor. Celui-ci concentre une part importante de crédits destinés à des institutions multilatérales de développement. Parmi elles : l’Association internationale de développement (AID), le Fonds africain de développement (FAD), le Fonds vert pour le climat et le Fonds pour l’environnement mondial (FEM) ainsi qu’au financement des annulations de dette bilatérales et multilatérales, décidées parfois, il y a plusieurs années, ou encore des crédits bilatéraux pour aider les États à emprunter à des taux favorables. Priorité est donnée à la Méditerranée et à l’Afrique.
Pas encore d’arbitrage pour les coupes
Deuxième programme touché : le 209, portant sur l’aide alimentaire et piloté par le ministère de l’Europe et des Affaires étrangères. Ce programme apporte de l’aide directe à différentes organisations internationales telles le PAM ou la FAO. Il permet également de mettre en œuvre la politique française à travers différents opérateurs en tête desquels l’AFD, Expertise France, la Fondation pour l’Agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) ou encore l’organisme français de recherche agronomique et de coopération internationale, le Cirad.
Où vont avoir lieu précisément les coupes ? Aucun arbitrage ne semble avoir encore été fait aux dires de plusieurs acteurs. Il y a fort à parier que des négociations de couloirs à Bercy sont en cours et les rapports de force à l’œuvre, suggère l’un d’entre eux. Il n’y a eu aucune concertation, regrette un autre, qui affirme n’avoir reçu aucun détail sur les mesures à venir malgré les demandes de précisions. Le Trésor et Bercy n’ont pas encore répondu aux sollicitations de RFI.
Un « signal négatif »
La Fondation pour l’Agriculture et la ruralité dans le monde (Farm) « s’inquiète de ce signal négatif ». Cette dernière, qui vient d’organiser une grande conférence à Paris ayant réuni près de 900 participants assure qu’elle va toutefois « continuer à appeler à une plus forte mobilisation des financements publics et privés en faveur de la transformation des agricultures ». Suite à cette annonce, une centaine d’ONG ont signé une tribune alertant sur cette décision qui « remet en question les principes de justice et de solidarité, ternit la réputation de la France à l’international et plus grave encore, met en péril des vies humaines. »
L’aide publique française au développement était passée de dix à quinze milliards d’euros entre 2018 et 2023 (de 0,43% à 0,56% du RNB). L’ambition de porter l’aide au développement de la France à 0,7% du revenu national brut (RNB) ne sera pas atteint comme prévu en 2025, mais est reportée à 2030.
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