Aujourd’hui l’économie – Budget 2025: la France à la veille d’une crise d’ampleur?

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C’est la grande question en France : le gouvernement de Michel Barnier va-t-il survivre au vote du budget pour 2025 ? En tous cas, censure du gouvernement ou pas, budget voté ou pas, il y aura des conséquences économiques et financières. Décryptage. 

Ce qui bloque, c’est la promesse de 60 milliards d’euros d’économies. Côté réduction des dépenses, l’effort proviendrait de l’État, de la Sécurité sociale et des collectivités locales. En ce qui concerne les recettes, la solution, c’est l’augmentation des taxes et impôts. Des idées qui ne satisfont pas les députés, mais c’est l’Assemblée nationale qui aura logiquement le mot de la fin pour le vote de ce budget, sauf activation de l’article 49.3 évidemment. 

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La marge de manœuvre est très étroite. Le déficit public français est de 6,1% du PIB, c’est conséquent et bien plus élevé que prévu. L’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) estime que ce budget pourrait diviser la croissance 2025 par deux et supprimer de l’ordre de 130 000 emplois. Pour autant, c’est bien ce texte qui a été approuvé, encouragé et félicité cette semaine par la Commission européenne.  

France et Grèce empruntent au même taux 

La France est donc sous pression de l’UE mais aussi sous pression des marchés financiers. Ce symbole en est la preuve: elle emprunte à un taux légèrement supérieur voire équivalent à celui de la Grèce sur 10 ans, environ 3,019%. Concrètement, les investisseurs considèrent qu’il y a autant de risque à prêter à la France qu’à la Grèce, qui se relève aujourd’hui de la faillite dont elle a été victime après la crise financière mondiale de 2008. Mais tout cela reste symbolique. Si les marchés considèrent que le risque associé à la dette française est certes élevé, cette dette tricolore reste un actif financier très recherché car beaucoup moins risqué que d’autres. 

Analyse de Simon-Pierre Sengayrac, codirecteur de l’Observatoire de l’Economie de la Fondation Jean Jaurès

Stéphane Geneste

Mauvais alignement des planètes  

À ces enjeux financiers, il faut ajouter une situation macroéconomique très fragile, avec notamment un nombre record de fermetures de sites industriels. Avec le budget actuel, moins d’argent pourrait rentrer dans les caisses de l’État en raison de défaillances d’entreprises et son corollaire: hausse du chômage et baisse des rentrées fiscales. Devant une tel cas, les pouvoirs publics ne pourront pas mettre en place de nouvelles mesures pour amortir la crise, parce que les finances de la France ne le permettent pas.  

Inquiétude des agences de notation 

C’est le serpent qui se mord la queue et tout cela mis bout à bout, on arrive à une situation critique, à laquelle il faut ajouter la montée de la concurrence chinoise, peut-être demain une hausse des tarifs douaniers aux États-Unis. Ces éléments sonnent comme une mauvaise nouvelle pour l’exportation. 

En tout cas, c’est bien tout cela qu’observent ceux qui prêtent à la France tout comme les agences de notation. L’agence S&P va d’ailleurs se prononcer ce vendredi soir sur la note de la France. Le mois dernier, c’est son concurrent Moody’s qui s’est prononcé. L’agence avait certes maintenu la note du pays mais avait émis une perspective négative ouvrant la porte à une prochaine dégradation. 

Source du contenu: www.rfi.fr

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