Le projet de loi de finance 2025 est examiné à l’Assemblée nationale depuis une dizaine de jours en France. 60 milliards d’euros d’économies prévues par le gouvernement avec l’augmentation de certains impôts, et des coupes notamment dans la Sécurité Sociale, et pour les collectivités locales. Les effets économiques de cette austérité budgétaire proposée.
Les efforts demandés par le gouvernement Barnier pourraient diviser par deux la croissance en 2025, d’après les économistes de l’OFCE, l’observatoire français des conjonctures économiques. Autre effet prévu : la destruction de 130 000 emplois. Ironie du sort, ce budget pourrait rendre plus difficile la réduction des déficits. « L’austérité appelle l’austérité », résume Simon-Pierre Sengayrac, directeur de l’observatoire de l’économie à la fondation Jean Jaurès. « On ne réduit pas les déficits en faisant de l’austérité, ça c’est la vérité générale que l’on est censé avoir tous compris depuis la crise des dettes souveraines qu’ont connu les pays du sud de l’Europe dans les années 2010. Lorsque la croissance est plus faible, les rentrées fiscales sont plus faibles et donc on se retrouve avec un problème “accentué” l’année suivante ».
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Réajustements : une question de rythme
Le défi du gouvernement : trouver des leviers de réduction de déficit qui ne touchent pas trop la croissance future. D’où ces hausses ciblés d’impôts sur les plus aisés et la révision de certaines niches fiscales. La question qui se pose également : c’est le rythme de ce réajustement budgétaire. Le nouveau cadre de l’Union européenne n’impose pas d’aller aussi loin que ces 60 milliards d’euros d’économie. Les exemples du Portugal et de la Grèce au début des années 2010 sont restés dans les esprits. Si on va trop vite, trop fort dans les coupes budgétaires, impossible de réduire l’endettement. Il est désormais autorisé d’étaler sur sept années ces réajustements budgétaires. Si l’on suit les textes européens, un effort de « seulement » 20 milliards d’euros d’économie serait réalisable, explique Simon Pierre Sengayrac : « Cet effort de 20 milliards, que ce soit en recette comme en dépense, est beaucoup plus facile à atteindre. Évidemment, c’est un effort sur 2025 qu’il faudrait faire à nouveau en 2026. Mais les marches sont beaucoup plus faciles à enjamber que l’énorme effort de 60 milliards qui est proposé par le gouvernement Barnier ».
L’avertissement des agences de notation
Le gouvernement Barnier insiste sur les efforts à faire immédiatement pour rassurer les marchés, Bruxelles et les investisseurs. Même si la dette française reste un investissement solide et profitable, c’est un budget pour garder le contrôle, disait Michel Barnier devant la représentation nationale. « C’est un budget de souveraineté. Si nous laissons filer cette dette et la crise qui ira avec, nous perdrons notre souveraineté. Le gouvernement n’a pas envie et n’acceptera jamais que l’avenir de nos enfants soit décidé à Washington, à New York ou à Pékin ».
New York où sont basées les trois plus importantes agences de notation, met tout de même la pression. Pas de dégradation de la note de la dette souveraine pour l’instant, mais vendredi dernier Moody’s y a ajouté une perspective négative. Le message est clair, il n’y aura pas la place pour une troisième année consécutive de dérapages budgétaires.
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