Le week-end dernier, la Chine est entrée dans l’année du dragon de bois avec l’espoir de sortir au plus vite de la crise économique. Ces festivités ont-elles permis de relancer la consommation ? C’est l’espoir des autorités, mais les premiers indices sont mitigés.
Depuis le début du millénaire, le Nouvel An chinois est traditionnellement une occasion de dépenser sans compter. C’est l’une des rares périodes de vacances, où les salariés rentrent dans leur famille les bras chargés de cadeaux et de victuailles pour célébrer le changement d’année et leur nouvelle prospérité. Les premières statistiques sur les voyages internes sont encourageantes. Les départs en avion ou en train ont bondi par rapport à 2023 et légèrement augmenté par rapport à 2019, quelques mois avant le déclenchement du covid.
Une consommation moindre qu’espéré
C’est ce que racontent les commerçants interrogés par des agences de presse étrangère. Dans les boutiques de décoration, de cadeaux, les ventes sont en forte baisse par rapport à l’année précédente. Et c’est particulièrement vrai pour les bouchers qui se plaignent des méventes de la viande de porc. Un signal alarmant parce que le cochon est adoré par les Chinois et cuisiné sous toutes ses formes pour les repas du Nouvel An.
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Or, malgré la très forte baisse des prix, les ménages continuent à restreindre leurs achats de viande. L’an dernier, la consommation de porc a reculé. Les migrants sont parmi ceux qui ont le plus limité leurs emplettes pour ce Nouvel An, trois fois moins que l’an dernier, rapportent des intermédiaires provinciaux. Ces travailleurs sont parmi les plus affectés par la crise. Parce qu’ils ont perdu leur travail, ils n’ont plus les moyens ni le cœur à consommer.
Les achats d’or au plus haut
Du côté des ménages aisés, la crise réoriente les dépenses. Cette année, c’est littéralement la ruée vers l’or. Offrir à sa valentine un bijou en métal précieux est une tradition bien ancrée dans la société chinoise. Mais les achats sont encore plus importants en 2024. Les ventes sont au plus haut depuis six ans. Car avec le crash de la bourse, l’or apparait comme le meilleur moyen de protéger son épargne. Un autre signe qui témoigne de la peur du lendemain, y compris parmi les gagnants de la prodigieuse croissance chinoise de ces trente dernières années. Tous les ménages, riches ou pauvres, sont préoccupés par le ralentissement de l’économie.
Pour Xi Jinping en revanche, tout va bien. Dans son message du Nouvel An, le dirigeant chinois ne retient que les informations les plus positives, « l’économie a été plus résiliente et plus dynamique en 2023 », a-t-il déclaré. Mais toujours pas un mot sur l’objectif officiel de croissance pour cette année du dragon du bois. La plupart des économistes s’attendent à un chiffre à 5%, qui leur parait hors d’atteinte. Pour le quatrième mois consécutif, les prix ont à nouveau baissé en janvier. Un recul qui entretient la thèse de la stagflation, un mixte de stagnation et de tendance déflationniste.
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