Le Burkina, le Mali et le Niger cherchent à capter le maximum de revenus émanant des gisements aurifères. Les coups de pressions se multiplient sur les sociétés étrangères qui exploitent la majorité des mines industrielles de ces pays.
De quoi parle-t-on en termes de production ? Le Burkina Faso est le quatrième producteur d’or en Afrique avec une production déclarée de 58 tonnes d’or par an. Au Mali, c’est un petit peu plus : 66 tonnes d’or déclarées pour l’année 2022. Le pays est une plaque tournante des exportations légales et illégales. C’est aussi le cas du Niger qui a une production annuelle aux alentours des 45 tonnes déclarées. Dans les trois pays, les mines d’or artisanales informelles sont nombreuses, et la contrebande d’or y est massive.
Pression sur les multinationales
Ces États mettent la pression sur les sociétés qui exploitent les gisements d’or. Exemple au Mali cette semaine, Bamako réclame au minier canadien Barrick Gold près de 500 millions de dollars pour des taxes et des impôts impayés. Cela intervient dix jours après l’arrestation de plusieurs hauts cadres de l’entreprise présente sur le plus grand gisement d’or du pays.
Au Burkina, le retrait des permis d’exploitation est en cours expliquait dimanche le chef de la junte au pouvoir Ibrahim Traoré répondant à des auditeurs sur la RTB : « Je ne comprends pas pourquoi, alors qu’on sait exploiter l’or, on laisse des multinationales exploiter l’or. C’est dans ce sens que j’ai dit qu’il y a des permis que nous sommes en train de retirer. Et nous allons le faire nous-mêmes ».
À lire aussiArrestation au Mali de quatre employés d’une compagnie minière canadienne
Des taxes en augmentation
Les sociétés étrangères la plupart canadiennes, britanniques – on parle là de mastodontes miniers – ne réagissent que très rarement. Préférant jouer la diplomatie dans des zones où elles sont de moins en moins les bienvenues. Le cours de l’or n’a cessé de grimper, alors les taxes ont aussi été augmentées plusieurs fois ces dernières années. Cela pourrait pousser les entreprises à partir. « D’un côté, le secteur aurifère, c’est une source potentielle énorme d’argent public, mais de l’autre côté, si il tape trop là-dedans, ça va dégoûter les entreprises. À moins que les Russes et les Chinois soient capables de prendre la relève, mais si ça n’est pas le cas, ils vont vraiment y perdre », explique Marc Raffinot, maitre de conférence a l’université Paris-Dauphine.
Structuration de la filière
Le Burkina semble avoir un temps d’avance pour structurer sa filière or. Il y a eu la reprise de la Société de Participation Minière fin juillet après des années de mise en sommeil, la révision du code minier et il y a une volonté de valoriser l’or sur place avec la raffinerie.
Au Mali, un audit des contrats miniers et des renégociations avec les sociétés étrangères sont en cours. Le CNSP au Niger a également créé en septembre une société nationale d’exploitation aurifère. Des nationalisations du secteur à bas bruit, pièce après pièce.
Source du contenu: www.rfi.fr