Le secteur automobile européen est à la peine. Les deux premiers groupes du continent Volkswagen et Stellantis font face à de graves difficultés et ont pris des mesures radicales pour panser leurs plaies avec la démission de Carlos Tavares pour Stellantis, d’une part et d’autre part la fermeture de sites et le licenciements de salariés pour Volkswagen. Décryptage.
C’est le fleuron de l’industrie allemande mais Volkswagen souffre. En cinq ans, la production de véhicules de la marque a diminué de 22 % pour atteindre à peine les cinq millions. Le géant allemand de l’automobile a donc annoncé un plan drastique d’économie. Le groupe prévoit de fermer trois de ses dix usines en Allemagne, ce qui implique le licenciement de milliers de salariés. Une première en 87 ans d’histoire.
Concernant Stellantis, ça se passe tout en haut de la hiérarchie. C’est le patron du groupe, Carlos Tavares, qui a été écarté de la direction. Raison invoquée: une différence de point de vue sur la stratégie à venir, mais dans les faits, il paie la perte de vitesse de Stellantis. Après des années de croissance à deux chiffres, les ventes sont aujourd’hui au ralenti et les prévisions pour les prochains trimestres se dégradent.
Quelle stratégie pour l’électrique ?
Il y a de multiples raisons à ces difficultés traversées par les deux premiers constructeurs automobiles européens. L’une d’elles, c’est la transition vers la voiture électrique, ils n’ont pas trouvé le bon tempo. Volkswagen a opté pour plusieurs changements stratégiques sans finalement trouver le bon, qu’il s’agisse du 100 % électrique à l’hydride rechargeable. Stellantis aussi a mal négocié le virage de l’électrique. Les marques du groupe, Peugeot, Citroën, Fiat ou Chrysler n’ont pas trouvé le créneau pour proposer ce type de véhicules et ont fait face à des problèmes électroniques sur certains modèles.
Marché ultra-compétitif
Volskwagen est très dépendant du marché chinois. C’est là que l’entreprise a réalisé une grande partie de ses bénéfices pendant des années. Sauf que ce marché est devenu ultra-concurrentiel. Face à des producteurs nationaux comme BYD, MG Motor, Nio ou Chery, qui proposent des voitures bon marché, il est difficile d’exister. Ces mêmes concurrents d’ailleurs sont arrivés sur le sol européen, marché historiquement acquis aux groupes du continent, ce qui rebat les cartes. Pour deux modèles équivalents, la voiture électrique chinoise est actuellement 20 % à 40 % à moins chère qu’une Européenne.
À lire aussiComment expliquer les difficultés de l’industrie européenne?
Les marques du Vieux Continent peinent ainsi à trouver leur clientèle. A cela, il faut ajouter les baisses voire la suppression de subventions des Etats pour passer à l’électrique, ce qui ne pousse pas l’automobiliste européen à acheter. Le pouvoir d’achat des ménages étant affecté par l’inflation, les constructeurs font ainsi face à une demande qui est en baisse. Et puis une explication réside dans les prix de l’énergie, ils sont trois à quatre fois plus élevés en Europe qu’en Chine par exemple.
Par ailleurs c’est tout le secteur qui est concerné. Les fournisseurs, les équipementiers et les sous-traitants eux-mêmes souffrent de ces difficultés. Plusieurs d’entre eux comme Valeo, Bosch ou Michelin ont annoncé des fermetures de sites ou des suppressions de postes. Et pour eux, les mêmes causes finalement produisent les mêmes effets que pour les constructeurs.
Source du contenu: www.rfi.fr