Depuis deux ans le gouvernement japonais investit très lourdement pour doper la production nationale de semi-conducteurs, un secteur où l’Archipel s’est fait distancer ces dernières décennies par ses voisins taïwanais et sud-coréen. 27 milliards de dollars sur trois ans ont été prévus pour relancer cette industrie hautement stratégique.
Le Japon est-il en train de réussir son retour dans le secteur des puces ? La rapidité avec laquelle la première fonderie du géant taïwanais des semi-conducteurs, TSMC, a été construite en un peu plus de deux ans dans l’Archipel en témoigne. Inaugurée en février dernier, codétenue avec le conglomérat électronique Sony et l’équipementier automobile Denso, l’usine de Kumamoto a coûté plus de 8 milliards de dollars, dont plus de 40 % ont été apportés par le gouvernement japonais. Objectif : produire des puces entre 12 et 28 nanomètres que l’on retrouve par exemple dans les jeux vidéo ou l’électronique embarquée utilisée notamment dans l’automobile. Une deuxième, voire une troisième usine devraient sortir de terre dans les prochaines années. La rapidité est la clé dans l’industrie des semi-conducteurs, répètent les Japonais.
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Avantages pour Taïwan
Côté taïwanais, le groupe TSMC a trouvé une main d’œuvre très qualifiée sur place. Ce n’est pas le cas pour ce qui est de son autre méga-usine en Arizona, aux États-Unis, dont l’ouverture a dû être repoussée à 2025. Plus globalement, Taipei veut diversifier sa base de production, actuellement très concentrée sur l’île. D’où ces projets de construction d’usines aux États-Unis et en Allemagne. Pour Taïwan, c’est une question vitale. Plus les pays se sentiront liés à lui, plus ils seront solidaires face à l’éventuelle menace de la Chine, se dit Taipei. Et puis, le Japon est tout proche. Les deux pays veulent surmonter un passé douloureux, Taïwan était occupé par le Japon jusqu’en 1945, le courant passe apparemment.
Côté Japon
Champion des puces dans les années 1990, le Japon veut ramener la production des semi-conducteurs sur son sol. Durant la pandémie, en manque de vaccins anti-Covid, le gouvernement japonais s’est rendu compte de sa dépendance aux approvisionnements étrangers. Tokyo ne veut pas que cette situation se reproduise. L’industrie des puces fait désormais partie des secteurs hautement stratégiques pour le pays.
Vers une production nippone des puces de pointe
Dans le Nord du Japon, un grand projet public-privé avance pour une construction d’une fonderie de puces de 2 nanomètres, soit les plus puissantes du monde, dédiées notamment à l’intelligence artificielle. Le consortium Rapidus, rassemblant huit entreprises japonaises, assure que son usine sera opérationnelle dès 2027. D’autres entreprises étrangères, comme Microsoft, Google ou Nvidia, investissent dans ce secteur crucial. Tous ces projets devraient propulser le Japon dans une nouvelle ère. Tout en garantissant un approvisionnement fiable, loin des tensions existantes entre les États-Unis et la Chine.
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