Aujourd’hui l’économie – Les écarts de salaires hommes femmes se creusent à nouveau aux États-Unis

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Le phénomène est connu : même à travail égal, les femmes sont moins payées que les hommes. On se consolait en se disant que ce fossé salarial lié au genre avait tendance à se réduire, même si c’était lentement. Mais ça n’est plus vrai partout : aux États-Unis, l’écart de salaire entre les femmes et les hommes s’est à nouveau creusé pour la première fois en vingt ans.

Les résultats du dernier recensement fédéral ont été communiqués la semaine dernière. L’administration américaine a notamment comparé les salaires des femmes et des hommes travaillant à temps plein : en 2022 les femmes gagnaient 16 % de moins que les hommes, en 2023 elles ont gagné 17 % de moins. Autrement dit, les écarts se creusent, sans même prendre en compte le fait que les femmes travaillent plus souvent que les hommes à temps partiel. Une première depuis 2003.

Il y a plusieurs explications. D’abord, au moment de la pandémie on avait observé une baisse du revenu médian chez tous les travailleurs, et en 2023 alors que l’économie américaine se portait globalement mieux les revenus des salariés ont à nouveau augmenté. Sauf qu’ils ont augmenté de 3 % pour les hommes et de moitié moins pour les femmes. Il y a aussi une explication démographique : l’année 2023 a vu arriver sur le marché du travail un nombre plus important de femmes issues de la communauté latino-américaines et de femmes plus jeunes (donc en début de carrière). Deux catégories qui ont tendance, pour des questions d’opportunités, à gagner moins que la moyenne.

Le marché de l’emploi est aussi sexiste que la société dans laquelle il évolue

Il y a aussi des raisons plus structurelles : la société américaine ne facilite pas la garde des enfants, les pères n’assurent pas toujours leur rôle autant qu’ils le devraient, et les mères de famille sont donc trop souvent contraintes de trouver un travail compatible avec leur vie familiale. Or ces métiers qui permettent une plus grande flexibilité des horaires payent moins.

Enfin se pose une question encore plus large qui concerne la rémunération des métiers majoritairement occupés par des femmes : infirmières, aide-soignante, aide à domicile… Des métiers moins bien payés que ceux dits plus masculins. Une donnée qui reste vraie indépendamment de la nature des tâches à accomplir : le revenu médian des concierges et des agents d’entretien (deux métiers où les hommes sont majoritaires) est supérieur de 2 000 dollars par an par rapport à celui des aides à domicile et des femmes de chambre. Il n’y a pas d’explication rationnelle, le marché de l’emploi est aussi sexiste, ni plus ni moins, que la société dans laquelle il évolue.

Au rythme actuel il faudrait plus d’un siècle à l’Afrique subsaharienne pour atteindre la parité

Pour l’instant, d’après les chiffres dont on dispose, l’écart ne se creuse pas dans les autres régions du monde, mais il n’y a pas de quoi se réjouir pour autant. L’Europe – et en particulier l’Europe du nord – reste la région la moins inégalitaire mais sur le vieux continent il faudrait tout de même aux femmes travailler un mois et demi de plus que leurs collègues masculins pour gagner autant qu’eux, et en 10 ans l’écart salarial homme-femme n’a baissé que très marginalement. L’Afrique sub-saharienne, d’après une étude du Forum économique mondial, se situe à la sixième position. Devant l’Asie du Sud et le Moyen-Orient. Si plusieurs pays à commencer par la Namibie, le Rwanda et l’Afrique du Sud ont fait des progrès notables en matière d’égalité salariale, le Tchad, le Mali et la RDC sont à la traîne. Là aussi les choses avancent… mais pas assez vite. Au rythme actuel il faudrait plus d’un siècle à l’Afrique subsaharienne pour atteindre la parité.

Plus inquiétant encore d’après un rapport de la Banque mondiale publié en mars 2024, à l’échelle mondiale le fossé entre hommes et femmes est beaucoup plus important que prévu. Non seulement les femmes sont moins bien protégées par la loi, elles ne bénéficient que de deux tiers des droits dont jouissent les hommes, mais qui plus est cette protection n’est que théorique et en pratique les lois protégeant les droits des femmes sont trop rarement appliqués. Ainsi sur les 98 pays ayant inscrit dans la loi l’égalité salariale entre homme et femmes, à peine 35 ont mis en place les mesures de transparence salariale et les mécanismes susceptibles de rendre cette égalité concrète.

Source du contenu: www.rfi.fr

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