Une pâte à tartiner algérienne qui fait le buzz sur les réseaux sociaux a été interdite sur le territoire européen, provoquant la colère des consommateurs et l’incompréhension côté algérien.
C’est la panique dans les commerces. Les stocks de cette crème El Mordjene s’amenuisent. Son prix atteint des sommets, multiplié par trois parfois, on la trouvait ces derniers jours à 30 euros dans des épiceries marseillaises.
Les commerçants s’en donnent désormais à cœur joie sur les réseaux sociaux pour attirer les clients. « Pour la El Mordjene, c’est deux pots par personne maximum », annonce un vendeur dans le haut-parleur de son magasin.
Une « dinguerie »
Cela fait des mois que sur Tiktok plus particulièrement, cette crème est devenue un phénomène. On y trouve des centaines de vidéos où des consommateurs, parfois des influenceurs très suivis, se filment en train de goûter cette pâte à tartiner miraculeuse. « Oh les algériens, vous nous aviez caché ça ? C’est le meilleur produit que j’ai jamais gouté. Une dinguerie », s’exclame un tiktokeur se filmant face caméra.
Mais El Mordjene serait-elle en train de payer sa trop grande popularité ? L’Union européenne a réagi il y a une semaine et décidé de mettre fin à la profusion de cette potion de noisette grillée made in Algérie. Importation interdite sur le territoire européen. « L’Algérie ne remplissant pas l’ensemble des conditions nécessaires pour pouvoir exporter vers l’Union européenne des marchandises contenant des produits laitiers », selon le ministère français de l’Agriculture.
Une enquête est également en cours pour savoir comment cette crème a pu être commercialisée et comment elle a pu ainsi passer entre les mailles du filet car cela fait des mois qu’on la trouve sur les étals des épiceries et autres supérettes en faible quantité toutefois par rapport au leader du secteur, le fameux Nutella, produit par l’italien Ferrero et qui détient plus des trois quarts du marché des pâtes à tartiner. Des « déclarations erronées » auraient permis sa présence sur le sol européen, explique le ministère.
Une menace pour Nutella ?
Côté algérien, on s’étonne de cette interdiction. Merouane Hadj Bekkouche porte-parole de l’Association algérienne de protection et d’orientation du consommateur, peine à croire à cette histoire de norme sur la poudre de lait.
Selon lui El Mordjene était devenue une menace pour ses concurrents européens : « Un produit qui rentre sur le sol français pourquoi est-ce qu’il serait problématique que le jour où il devient un produit star. Cela voudrait dire qu’il y a une défaillance au niveau des douanes ? C’est la question qu’on se pose aujourd’hui. Pour nous, on est en train de faire un procès à un produit algérien. Est-ce que c’est parce qu’il est algérien ? Où est-ce que c’est réellement pour des raisons de conformité ? »
Deux cargaisons du produit sont encore bloquées au poste frontière sur le port de Marseille. Le distributeur Carrefour qui n’en vendait pas jusqu’alors dit espérer pouvoir la commercialiser au plus vite. La société Cebon, qui commercialise cette crème et qui prévoyait d’augmenter sa production face au succès, n’a pas souhaité faire de commentaires.
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