Pour la première fois, ce mardi 1er octobre, du pétrole 100% nigérian sera disponible à la pompe dans les stations-service du pays. De quoi donner de l’espoir aux 219 millions d’habitants du pays après des pénuries à répétitions.
Le grand jour approche pour l’homme le plus riche d’Afrique, Aliko Dangote. Mais que ce fut long. Débuté en 2013, il a fallu huit années de travaux pour sortir de terre « le monstre » comme Aliko Dangote surnomme lui-même sa raffinerie. Il a fallu surmonter des problèmes avec le gouvernement de l’État de Lagos, avec les communautés, et un terrain marécageux entrainant des surcoûts très importants. Dangote affirmait d’ailleurs en juin dernier lors d’un forum économique aux Bahamas que si c’était à refaire, « il ne le referait pas ».
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Début septembre, un accord a finalement été trouvé entre la raffinerie Dangote et la compagne pétrolière nationale du Nigeria. La NNPC s’engage à fournir 385 000 barils de brut par jour à la raffinerie. En échange, elle sera l’unique distributeur de l’essence de la raffinerie.
Bisbilles sur les prix
Ils subsistent des questions et des désaccords autour du prix de cette essence. Aliko Dangote cherche à minimiser ces tensions mais les deux parties ne se sont pas encore mises d’accord sur le prix de l’essence. La NPCC a annoncé une forte augmentation des prix à la pompe (+45 %) et remet la faute sur Dangote, accusé de vendre son carburant raffiné trop cher. Le milliardaire se défausse lui aussi de toutes responsabilités et explique que le prix de ce carburant 100 % nigérian n’a pas encore été fixé.
Ce pourquoi plaide Dangote, c’est surtout la fin des subventions à l’essence. Le président Bola Tinubu les avait interrompues juste après son élection avant finalement de les réintroduire compte tenu de la forte inflation et de la crise sociale. « Quand vous subventionnez un produit, les gens font gonfler les prix et le gouvernement se retrouve à payer pour quelque chose qu’il n’est pas censé payer, affirmait le magnat nigérian ce mardi chez nos confrères de Bloomberg, le prix de l’essence ici est d’environ 60% du prix des pays voisins et nos frontières sont très poreuses. Donc, ce n’est pas durable, le gouvernement ne peut pas se permettre ces subventions ».
Aliko Dangote ne s’en cache pas, il doit faire du profit pour la viabilité de sa raffinerie qui a tout de même coûté près de 20 milliards de dollars
Des traceurs sur les camions-citernes
L’infrastructure doit permettre au Nigéria d’atteindre l’autosuffisance. Jusque-là, le premier producteur de pétrole du continent devait importer les produits raffinés. Voyez l’anomalie ! En termes de production, la raffinerie devrait à terme fournir 650 000 barils de pétrole par jour. Cela permettra d’approvisionner la totalité des stations essence du pays et même d’en exporter une partie.
Dangote annonce qu’il placera des trackers sur les camions pour connaitre la consommation réelle du pays et éviter de raffiner du pétrole de contrebande qui ne viendrait pas du Nigéria.
Enfin, la société nationale vendra son pétrole brut à la raffinerie en naira. ce qui doit permettre à terme de stabiliser la monnaie nationale fortement dévaluée depuis deux ans.
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