Le développement de l’intelligence artificielle générative nécessite la construction des data centers, ces centres de données qui abritent les serveurs. De plus en plus performants, ils consomment énormément d’énergie. Comment la « tech » s’apprête-t-elle à relever ce défi ?
L’arrivée de ChatGPT fin 2022 a révolutionné le monde de la « tech » en démocratisant l’intelligence artificielle auprès du grand public. Désormais présente dans un grand nombre d’applications, l’IA oblige à utiliser des puces et des serveurs très performants, mais aussi terriblement énergivores. Un défi pour les acteurs du secteur, comme Microsoft, qui n’hésite pas à se tourner vers le nucléaire.
Un redémarrage d’une centrale nucléaire
Le géant de l’informatique a récemment annoncé la signature d’un contrat d’achat d’électricité de vingt ans avec l’énergéticien américain Constellation. Il est question de relancer une partie de la centrale nucléaire de Three Mile Island en Pennsylvanie, dont Constellation est propriétaire. Il faudra encore attendre le feu vert des régulateurs nucléaires fédéraux et des investissements seront nécessaires pour faire redémarrer la centrale. Rebaptisée Crane Clean Energy Center, celle-ci pourrait être opérationnelle d’ici 2028. Et ce n’est que le début.
Un fond de 30 milliards de dollars
La consommation d’énergie de la « tech », déjà énorme, va exploser. C’est un changement majeur par rapport à l’ère internet. Une requête avec l’aide de l’IA consommerait dix fois plus d’électricité qu’une recherche classique avec un moteur de recherche, précise l’Agence internationale de l’énergie. La société OpenIA, créatrice de ChatGPT, qui vient de finaliser une levée de fonds de 6,6 milliards de dollars, a récemment plaidé auprès de la Maison Blanche pour une implantation sur le sol américain au total entre cinq et sept data centers d’une puissance de 5 gigawatts (GW), l’équivalent de cinq réacteurs, chacun. Pour financer leurs besoins en énergie, les géants du secteur s’appuient aussi sur l’appétit des fonds d’investissement. Microsoft et le fabricant de semi-conducteurs Nvidia se sont alliés au leader de la gestion d’actifs BlackRock et au fonds saoudien MGX pour réunir 30 milliards de dollars afin d’investir notamment dans la production d’électricité.
Et les besoins en énergie de l’IA inquiètent au-delà du secteur de la « tech ». D’ailleurs, l’Agence internationale de l’énergie prévient : la demande d’électricité des data centers pourrait doubler d’ici à 2026.
Des investissements dans les énergies renouvelables
Et ce d’autant que construire des centrales électriques prend du temps. Faudra-t-il un jour choisir entre alimenter un data center ou un hôpital, s’interrogent certains élus locaux. Les Pays-Bas et l’Allemagne ont ainsi encadré l’expansion des data centers. Des régulations existent en Europe, à Taïwan ou encore à Singapour. Autre problème, c’est l’empreinte carbone. Les géants de la « tech » investissent donc massivement dans les énergies renouvelables, l’éolien et le solaire. Ils proposent aussi de récupérer la chaleur produite par leurs équipements pour le chauffage urbain et limiter ainsi les émissions de gaz à effet de serre.
Questions d’environnementL’IA est-elle une adversaire ou une alliée de la transition énergétique?
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