L’Australie, championne mondiale du charbon et du gaz, va-t-elle devenir une grande puissance des énergies renouvelables ? C’est en tout cas l’objectif affiché par le gouvernement. Pour y parvenir, il a promis 23 milliards de dollars américains pour développer les énergies vertes, ce mardi 14 mai.
Vingt-trois milliards de dollars américains pour développer les minerais critiques, l’hydrogène vert et le solaire, c’est un coup de pouce fiscal en format XXL que le gouvernement travailliste d’Anthony Albanese a mis sur la table dans son budget 2024-2025. Les plus grosses dépenses de toute l’histoire du pays en faveur des énergies bas carbone. Cet effort budgétaire confirme le tournant voulu par le gouvernement et déjà amorcé le mois dernier : deux mines de charbon ont été converties en centre touristique pour l’une et en usine photovoltaïque pour l’autre.
Le pays-continent s’est engagé à atteindre la neutralité carbone en 2050. Et il met le paquet pour verdir sa production électrique. En dix ans, les volumes en solaire et en éolien ont doublé. Le renouvelable représente près de 40% de la consommation électrique, mais le charbon et le gaz encore 60%. Ces deux hydrocarbures reculent dans le mix énergétique mais restent cruciaux dans le commerce extérieur. Avec le fer, ce sont les premiers produits d’exportations. Soixante-quinze pour cent du charbon, 90% du gaz naturel liquéfié (GNL) partent à l’étranger.
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À cause de ces exportations, l’Australie est classée parmi les plus gros émetteurs de gaz à effet de serre. Avec quinze tonnes de CO2 émises par habitant, c’est le pays le plus polluant après le Qatar et l’Arabie saoudite. Bien plus que les grandes puissances énergétiques que sont les États-Unis et la Russie. Ces ressources minières jouent un rôle disproportionné dans son économie.
Double standard
Un rôle auquel l’Australie n’est pas prête à renoncer. En avril, le gouvernement a prévenu : après 2050, l’Australie continuera à exporter du gaz naturel liquéfié (GNL), même si elle a atteint la neutralité carbone sur son territoire. Le gouvernement encourage même les investisseurs à développer l’exploitation de nouveaux gisements.
Ce double standard, neutralité carbone à l’intérieur, pollueur à l’extérieur, n’est pas l’apanage de l’Australie. On retrouve la même philosophie en Norvège. Le champion de la voiture électrique est aussi un producteur de pétrole et de gaz prospère qui développe au maximum les hydrocarbures.
Une industrie verte pour remplacer celle des hydrocarbures
La plus grande transformation de l’économie depuis la révolution industrielle promise par le gouvernement australien est motivée par les engagements climatiques et des nécessités économiques. L’Australie en a besoin pour trouver de nouvelles sources de revenus, et pour donner un travail aux 50 000 personnes employées dans le charbon et le gaz, essentiellement des hommes faiblement qualifiés.
Les métaux verts, les panneaux solaires et l’hydrogène vert sont des débouchés potentiellement crédibles, car les besoins mondiaux ne vont cesser d’augmenter. Ce projet développé sous la bannière « Un avenir made in Australia » est aussi un pari osé, face à la Chine qui a réussi à écraser la concurrence dans quasiment le monde entier.
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