Un nouveau sommet des Brics+ se tient du 22 au 24 octobre à Kazan, en Russie. Une vingtaine de chefs d’État et de gouvernement du sud global sont attendus, y compris des dirigeants de pays candidats à l’adhésion à l’alliance, comme la Turquie de Recep Tayyip Erdogan. Côté politique, les Brics+ se positionnent comme alternative au bloc occidental. En revanche, côté économique, quel est l’intérêt concret de rejoindre ce club ?
Il y a la théorie, et la pratique. En théorie, les Brics+ veulent contester l’ordre financier international et les institutions héritées des lendemains de la Seconde guerre mondiale, le Fonds monétaire international (FMI), ou encore la Banque mondiale. L’alliance, qui a accueilli au début de l’année 2024 l’Éthiopie, l’Égypte ou encore l’Iran, pèse désormais près de 30% de la richesse mondiale et 45% de la population. Mais n’a que 20% des droits de vote au sein du FMI par exemple.
Les Brics (au départ composés du Brésil, de la Russie, de l’Inde, de la Chine puis de l’Afrique du Sud) ont donc créé leurs propres institutions alternatives, censées mieux représenter et mieux servir les pays du sud global.
Pas encore d’alternative satisfaisante au FMI et à la Banque mondiale
En pratique, pour faire concurrence aux institutions financières internationales héritées des accords de Bretton Woods, les Brics ont notamment créé le CRA (Contingent Reserve Arrangement), comme alternative au FMI. Sauf que cette institution « est totalement conditionnée pour ses prêts de liquidités à un accord avec le FMI » explique Bruno Cabrillac, directeur général de la Ferdi (Fondation pour les études et recherches sur le développement international). Ce qui rend « extrêmement marginal » l’avantage pour des pays de participer à cette institution, poursuit-il. De son côté, la New Development Bank (en français, « Nouvelle banque de développement ») créée par les Brics dispose de beaucoup moins d’argent que la Banque mondiale. Son capital initial était de 50 milliards de dollars seulement. De plus, « elle n’offre pas des conditions plus favorables pour les pays emprunteurs, car elle emprunte sur les marchés internationaux (en dollars, d’ailleurs) à des taux d’intérêt plus élevés que ceux de la Banque mondiale et que ceux de la Banque asiatique de développement. Par contre, elle ne va pas appliquer la même conditionnalité : elle ne va pas demander aux pays emprunteurs de faire telle ou telle réforme » politique, économique ou de gouvernance, à la différence des institutions financières internationales traditionnelles, précise Bruno Cabrillac.
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Une diversification utile face aux sanctions
Il y a tout de même un intérêt commercial à adhérer à l’alliance. « Pour certains pays – et pour ceux qui souhaiteraient rejoindre les Brics- le bloc est une assurance pour la diversification économique, contre les risques géopolitiques liés aux sanctions par exemple. Mais c’est plus un intérêt économique défensif, pour se protéger en cas de problème », analyse encore Bruno Cabrillac.
Enfin, cela peut permettre à des pays du sud global de mettre en concurrence le bloc occidental et les Brics, pour essayer d’obtenir les accords les plus favorables à leurs intérêts politiques et commerciaux.
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