REPORTAGE – En plein mouvement social, la compagnie a fait le choix de privilégier «les trains les plus pleins» à destination des stations de ski. De quoi susciter l’agacement des voyageurs à destination de l’ouest et du sud-ouest.
Peu de valises, peu de trains et presque pas de contrôleurs : voilà comment pourrait se résumer le début de journée dans l’une des gares les plus empruntées de France, celle de Montparnasse. La grève suivie par les contrôleurs de la SNCF durant ce week-end de départs et de retours de vacances paralyse la circulation partout en France. De quoi susciter l’agacement de nombreux usagers. C’est le cas de Christine, 62 ans, fraîchement débarquée de La Réunion et qui comptait rentrer sereinement chez elle sur la côte ouest. «J’ai atterri tôt ce matin à Paris. Lorsque je suis arrivée à la gare, j’ai appris que mon train pour Lorient était annulé», relate-t-elle, dépitée. Et d’ajouter : «je n’ai même pas reçu de SMS pour me prévenir. C’est génial quand on vient de faire 11 heures de vol et qu’on a qu’une seule envie : rentrer chez soi». Heureusement pour la lorientaise, la SNCF lui a miraculeusement trouvé une place dans un train à 11 heures. Tous n’auront pas cette chance.
De son côté, Leila doit rejoindre la Bretagne pour assister au baptême de son filleul. Mais la trentenaire aura bien du mal à parvenir à destination. Bien qu’elle confirme avoir «reçu un message la veille» pour la prévenir que son train était annulé, la jeune femme a joué de malchance, «j’ai loupé le train de 7h40, il est parti devant mes yeux». Accompagnée de ses deux fils Marvin et Rayan, elle a dû payer le prix fort pour prendre l’un des seuls trains qui circule ce matin à destination de Brest, soit «plus de 125 euros le billet». La maman confie stresser pour son retour à Paris dimanche : «je croise les doigts pour pouvoir venir travailler lundi matin».
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Des voyageurs prévoyants
Les plus chanceux qui ont un train maintenu ce vendredi matin ont tout de même dû s’organiser. Manon, une étudiante de 18 ans, veut rejoindre sa famille à Pau pour les vacances. Avec un «train annulé samedi», la SNCF lui a proposé de partir dès aujourd’hui. Cela implique pour la jeune parisienne – qui confie être «agacée» – de «louper sa journée de cours». Dans les escalators, Denis, un quinquagénaire qui retourne à Nantes pour le week-end confie, lui, «avoir posé un RTT» ce vendredi pour avoir son train.
Malgré la résignation de certains, la plupart des personnes rencontrées affichent néanmoins une relative confiance. Ceux qui ont fait le déplacement étant sûrs d’avoir leur train. Résultat, la billetterie est quasiment déserte en ce jour de grève. Barbara, une quadragénaire en partance pour Montauban se dit «extrêmement chanceuse». Son train à destination du Tarn-et-Garonne, l’un des seuls de la journée, est maintenu nous confie-t-elle tout sourire dans un café de la gare. Jean-Louis et Evelyne, un couple du Val d’Oise, ont un train pour Toulouse prévu depuis plus de deux mois. S’ils s’estiment «chanceux» eux aussi, les retraités se montrent en revanche fatalistes. «C’est toujours la même chose avec la SNCF, des grèves à chaque vacances. Au final, ce sont toujours les mêmes qui trinquent».
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«Une situation catastrophique pour midi»
Du côté des commerçants, ce vendredi matin a également une saveur particulière. Claire, vendeuse au Relay, n’a pas beaucoup de monde à encaisser. Elle se montre très surprise : «habituellement le vendredi c’est l’effervescence. C’est notre meilleure journée de vente. Ce ne sera pas le cas aujourd’hui». Avant de poursuivre : «les clients sont plus calmes que d’habitude, ils ont très certainement anticipé leurs déplacements». Ce constat, Martine et Nathalie, toutes les deux vendeuses dans une sandwicherie, le partagent volontiers. En pleine préparation des repas, elles anticipent «une situation catastrophique pour midi». Elles pointent d’ailleurs du doigt les écrans qui affichent d’ores et déjà les trains du début d’après-midi. «Normalement à 9 heures, on peut voir les trains qui partent dans l’heure. Là, on voit déjà ceux qui partent à 13 heures comme il n’y a quasiment pas de trains», confie-l’une d’entre elles.
À noter aussi, le peu d’agents de la SNCF présents en gare. Malgré quelques départs de trains OUIGO, difficile d’obtenir un renseignement pour les voyageurs. Les rares employés présents ont refusé tout commentaire «sur ordre de la direction». Une situation que subit ce touriste américain venu visiter la France avec sa femme. «Nous étions déjà venus en 2018 en France et il y a avait déjà des grèves. Cette année ça recommence». Mais, optimiste, il préfère prendre la situation avec le sourire : «ce sont les vacances, pas de stress !». Pas certain que tous les voyageurs de ce week-end épouseront cette philosophie…
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