Une semaine de mobilisation pour les agriculteurs français. Parmi eux, 16 000 sont aussi des agriculteurs « multiplicateurs » de semences, maillon d’une filière spécifique qui est aujourd’hui fragilisée et veut faire entendre sa voix. De la bonne santé du secteur des semences dépend la puissance agricole française, mais aussi celle des pays qui se fournissent dans l’Hexagone. Et ils sont nombreux, puisque la France est le premier exportateur mondial de semences.
Baisse de production, baisse des surfaces, la filière semences a subi de plein fouet les caprices de la météo l’année dernière : les semences de céréales ont particulièrement souffert à cause de semis trop tardifs et d’une croissance contrariée par un trop-plein de pluie. La récolte n’a pas été plus facile sur certaines parcelles totalement sous l’eau.
Le bilan sera fait d’ici deux à trois semaines, mais on sait déjà que cette année compliquée a affecté les volumes de semences de tournesol, de soja et de sorgho. Celles de maïs s’en sortent mieux, selon l’état des lieux fait début novembre par l’Union française des semenciers (UFS), qui représente une centaine d’entreprises chargées notamment de la sélection variétale et de la production de semences qui sont ensuite confiées aux agriculteurs pour qu’elles soient multipliées.
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Des agriculteurs « multiplicateurs » fragilisés
Ils sont 16 000 en France à reproduire les semences, pour obtenir de plus grands volumes, et ce, sur 400 000 ha. Ce sont ces semences qui donneront les futurs champs de maïs, de tournesol ou encore de blé. Une activité technique, exigeante, explique la directrice générale de l’UFS, Rachel Blumel, qui nécessite selon elle un soutien accru pour résister à la pression climatique et aux normes imposées.
« Les semences sont à l’agriculture ce que les microprocesseurs sont à l’industrie numérique et informatique : un nerf de la guerre », résume avec d’autres mots Olivier Antoine, expert en marchés agricoles.
La France, premier exportateur mondial
Au vu de leur rôle stratégique, les semences devraient faire partie des cultures prioritaires dans l’accès à l’eau en cas de sècheresse, plaide l’Union française des semenciers. Elles devraient pouvoir aussi bénéficier de tous les produits phytosanitaires autorisés en Europe, dont un néonicotinoïde interdit en France, en attendant des alternatives, disent les semenciers. Car si l’année qui arrive se passe comme celle qui se termine, maintenir le même niveau de production s’annonce compliqué, prévient la filière, et si les volumes baissent, les prix augmenteront forcément.
Ils pourraient alors peser sur les charges des agriculteurs français, mais pas que. La moitié des semences produites en France est exportée. Hors Union européenne, les deux premiers marchés sont l’Ukraine et la Russie. Mais l’Hexagone fournit aussi le continent africain, l’Asie, l’Amérique du Nord et du Sud. Des clients, eux aussi, soumis aux aléas climatiques et à l’affût de nouvelles variétés de semences plus adaptées.
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