Chronique des matières premières – Gomme arabique, la crise en mer Rouge s’ajoute à la crise au Soudan

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La crise soudanaise qui dure depuis bientôt 10 mois a perturbé le commerce de la gomme arabique, un additif naturel très utilisé dans les industries agro-alimentaires, cosmétiques et pharmaceutiques. Depuis janvier, la crise en mer Rouge est venue complexifier un peu plus la situation.

La France est le premier importateur et transformateur mondial de gomme arabique et illustre à ce titre les difficultés de la filière, une filière tournée à l’international puisque l’essentiel de ce qui est importé dans l’Hexagone est réexporté pour répondre aux besoins notamment des fabricants de sodas.

La gomme arrive en France par le port du Havre, et c’est donc en Normandie que sont basés les deux principaux importateurs, Nexira, et Alland & Robert. Ces deux géants de la gomme travaillent aujourd’hui au rythme de l’évolution de la situation géopolitique mondiale. Le contexte est si volatil que le PDG d’Alland & Robert confie, lors d’une visite de sa nouvelle unité de production à Saint-Aubin-sur-Gaillon, prendre des nouvelles quotidiennement de ses fournisseurs soudanais. 

Exportations soudanaises mises à rude épreuve

Avec le conflit, la capitale de la gomme est devenue Port-Soudan, sur les bords de la mer Rouge. C’est là que se fait désormais le négoce et que les fournisseurs locaux se sont installés. C’est de là aussi que partent 70 % des approvisionnements d’Alland & Robert, le Soudan étant le premier exportateur mondial de gomme. 

Ces derniers mois, la société normande raconte avoir aidé des centaines de familles soudanaises à rejoindre des zones de production plus sécurisées. L’entreprise est aussi devenue, de fait, un bailleur et a déjà avancé des millions d’euros pour pré-financer ses achats, explique le jeune PDG trentenaire. Cette prise de risque financier est motivée par un objectif : la sécurité des approvisionnements.

Baisse des marges des importateurs

La sécurité des exportations est mise à rude épreuve depuis les attaques houthis en mer Rouge. Pour les importateurs, très dépendants du Soudan, les perturbations logistiques qui en découlent depuis plusieurs semaines sont un nouveau coup dur. Expédier l’exsudat d’acacia depuis Port-Soudan, prend désormais deux fois plus de temps, avec des taux de fret presque deux fois plus élevés. « Ce n’est que du négatif pour l’instant », résume le PDG de la société normande qui a vu, logiquement, ses marges diminuer.

La combinaison des crises a poussé Alland & Robert comme Nexira à diversifier encore plus ses achats, en augmentant ses volumes achetés au Tchad et au Nigeria, par exemple, ou en soutenant des filières plus embryonnaires comme celle du Kenya. 

« Les crises actuelles ont montré qu’il était capital pour les importateurs d’avoir du stock », explique un expert de la filière. Dans un tel contexte, ce qui n’est pas acheté par un importateur peut l’être par son concurrent, et c’est ce qui explique aussi peut-être la détermination des transformateurs de gomme à chercher toutes les quantités disponibles, où qu’elles soient, malgré la hausse des prix.

Demande mondiale croissante

Assurer la continuité du commerce est vital pour les acteurs du secteur, car la demande mondiale en gomme est en pleine croissance, en moyenne 7 à 8 % par an. Pour anticiper la croissance du marché, Alland & Robert a d’ailleurs augmenté début janvier ses capacités de production qui se montent désormais à 30 000 tonnes, soit 50 % de plus que précédemment.

Source du contenu: www.rfi.fr

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