La Chine a multiplié les restrictions à l’exportation de métaux ces derniers mois, en particulier à destination des États-Unis. À l’antimoine, au gallium et au germanium s’ajoute le tungstène, un métal réputé pour sa dureté, utilisé pour fabriquer certains aciers du secteur automobile, des pointes de forage ou encore des munitions perforantes.
Le tungstène n’est pas interdit à l’exportation depuis la Chine, mais son commerce est de plus en plus règlementé : « Ce qui finit par être aussi handicapant », relève Raphaël Danino-Perraud, chercheur associé à l’Institut français des relations internationales (Ifri).
Pour être exportés, certains alliages en tungstène ont, depuis le mois d’octobre, besoin d’une autorisation spécifique, car ils entrent dans la catégorie des biens à double usage, qui peuvent avoir des applications donc civiles et militaires, biens sur lesquels la Chine a nettement durci ses contrôles.
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Anticipation de l’industrie américaine
Pour l’instant, l’approvisionnement des États-Unis n’est pas affecté par les restrictions chinoises, selon le cabinet Argus Media, peut-être en raison d’une forme d’anticipation de ces tensions commerciales qui ne datent pas d’hier. Les Américains peuvent compter sur une importante capacité de recyclage : celle-ci couvre la moitié de leurs besoins. Les États-Unis ont aussi développé leur propre industrie du tungstène depuis 2022 : via des investissements au niveau national et des recherches de partenariats avec des fournisseurs privilégiés, comme ceux qui exploitent une mine de tungstène en Corée du Sud.
Preuve de la prise d’autonomie en matière d’approvisionnement des États-Unis, l’utilisation du tungstène chinois dans les équipements militaires sera interdite par la loi américaine à compter de 2026.
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Des prix qui se maintiennent
Contrairement au prix de l’antimoine qui a flambé après les restrictions chinoises — de 25 000 $/tonne, mi-septembre, il a dépassé les 39 000 $/tonne à l’arrivée à Rotterdam —, celui du tungstène se maintient, selon Argus Media. Peut-être parce qu’il affiche déjà des niveaux relativement élevés, en raison notamment d’une disponibilité de la ferraille de tungstène pur qui est limitée.
Mais dans un marché déjà tendu, les restrictions imposées par la Chine, qui contrôle plus de 75 % de la production mondiale, pourraient finir par avoir un effet sur les prix.
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