La vague de chaleur qui a sévi en juillet en Ukraine pourrait porter un coup dur à la production de maïs du pays. Les estimations font état d’une baisse de plusieurs millions de tonnes, ce qui pourrait peser sur les revenus d’exportation du pays. Chronique signée Marie-Pierre Olphand.
Avec plus de 29 millions de tonnes exportées, selon le ministère américain de l’Agriculture (USDA), le maïs ukrainien a brillé sur les marchés mondiaux, lors de la dernière campagne. Mais le bilan devrait être tout autre cette année. La chaleur record de juillet dans la plupart des régions d’Ukraine pourrait en effet faire chuter la production.
« L’étape clé pour la croissance du maïs est la pollinisation », explique Damien Vercambre, analyste pour Inter-Courtage, et en Ukraine, elle a lieu précisément autour du mois de juillet.
À ce stade, proche de la récolte, les estimations font état d’une baisse de 4 à 6 millions de tonnes par rapport à l’année dernière, selon les sources – 23,4 millions de tonnes, selon le syndicat des négociants en céréales, l’UGA ; 27,2 millions de tonnes, selon le rapport du mois d’août de l’USDA.
Dans plusieurs régions, les rendements de maïs pourraient baisser de 30%, selon le Conseil agraire ukrainien (UAC), qui regroupe les producteurs ukrainiens.
Moins de maïs ukrainien sur le marché en 2024/2025
Ces craintes sur la récolte, si elles se confirment, auront inévitablement un impact sur les exportations qui pourraient diminuer de 5 à 10 millions de tonnes selon les analystes : le niveau d’exportation n’est pas seulement affecté par la production, il est également tributaire des stocks, dans lesquels les exportateurs peuvent si besoin piocher. Or, ils s’annoncent trois fois plus bas au début de cette campagne – soit moins d’un million de tonnes contre trois millions l’année dernière.
Les volumes libérés dépendront aussi de la consommation intérieure qui a tendance à baisser depuis le début de la guerre.
Des prix en baisse depuis trois semaines
Sur l’échiquier mondial, ces mauvaises nouvelles pour le maïs ukrainien, mais aussi pour le maïs cultivé en Roumanie, deuxième pays producteur de l’Union européenne, sont contrebalancées par la bonne production qui se profile aux États-Unis et des espoirs d’avoir aussi de belles récoltes en Amérique du Sud en 2025.
Et de fait, les marchés semblent pour l’instant rassurés. Depuis trois semaines, les prix du maïs sont passés sous les 190 euros la tonne pour une livraison en novembre – sur Euronext. « Ces prix sont aussi entretenus aussi par les craintes qui pèsent sur l’économie chinoise », précise Damien Vercambre, et donc sur la demande chinoise en matières premières agricoles.
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