Au Kenya, le combat contre une loi de régulation des semences, gagne de plus en plus de partisans. Tout a commencé en 2022, quand une quinzaine de petits agriculteurs a porté plainte contre la loi sur les semences et variétés végétales, un texte voté en 2012 qui criminalise l’usage et le troc de semences non certifiées. Leur plainte a été rejointe récemment par différentes organisations de la société civile.
De notre correspondante à Nairobi,
La Société kényane du droit, une organisation de juristes, et l’Association kényane pour la biodiversité sont les deux dernières organisations à avoir rejoint les parties civiles dans cette affaire.
La loi sur les semences et variétés végétales rend passible de deux ans de prison et 1 million de shillings d’amende — soit environ 7 500 $ — l’usage, la vente ou l’échange de semences non certifiées. Selon le gouvernement, cette loi est destinée à réguler le secteur et à améliorer, à terme, la sécurité alimentaire du pays.
L’agriculture familiale menacée
Pour les petits agriculteurs, c’est tout le modèle de l’agriculture familiale qui est menacé. « Ces semences sont utilisées depuis des temps immémoriaux, explique Francis Ngiri, agriculteur et partie civile dans cette affaire. Nous les avons héritées de nos ancêtres. Et aujourd’hui, nous serions des criminels pour cela ? » s’indigne-t-il.
Les petits agriculteurs accusent les autorités kényanes de favoriser les intérêts des grandes compagnies agricoles au détriment des fermiers kényans. Une politique qui pourrait en outre avoir de graves conséquences sur la sécurité alimentaire du pays.
80 % des graines proviennent du système informel
« Les semences indigènes sont résilientes par nature, explique Elizabeth Atieno, de Greenpeace Africa. Elles sont fondamentales pour la diversité des cultures et représentent notre défense contre le changement climatique et le manque d’eau ».
D’après une étude de la fondation Access to seeds — l’Accès aux semences — 90 % des graines plantées au Kenya proviennent du système informel et 80 % des agriculteurs kényans en dépendent. Le jugement de la Haute cour kényane est attendu dans les semaines à venir.
Pour aller plus loin, à écouter dans Autour de la questionBiopiraterie: quels enjeux Nord-Sud?
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