Les flux de diamants russes vers l’Inde ont augmenté de plus de 22 % au premier semestre. Mais cela n’a pas empêché les revenus d’Alrosa, le géant russe, de baisser par rapport à l’année dernière.
Depuis mars dernier, les diamants originaires de Russie vendus par des pays tiers sont sous sanctions. Ceux qui transitent par l’Inde, pays où sont polies plus de 85 à 90 % des pierres, sont concernés au premier chef. En théorie, ils ne peuvent plus entrer dans les pays du G7 une fois taillés, mais la mesure n’a visiblement pas freiné les acheteurs indiens qui ont profité des prix bas pour multiplier les transactions. Une bonne opération, sauf si le marché périclite.
Même sans évolution de prix, ces diamants s’annoncent dans tous les cas plus compliqués à exporter, une fois taillés. Les petites pierres inférieures à 0,5 carat ne sont pas bannies dans les pays du G7 mais les autres oui.
Des diamants plus difficiles à vendre
Hors du G7, l’Inde peut espérer vendre sa production en Chine, au Cambodge, au Vietnam, ou encore en Turquie. Mais le G7 représente toujours les deux tiers des acheteurs de pierres taillées, et certains exportateurs n’auraient pas renoncé à y vendre leurs diamants. « Ils profitent de contrôles qui ne sont pas les mêmes partout », explique un expert de la filière. Les États-Unis ne sont pas les plus exigeants, et cela tombe bien puisque l’Amérique du Nord est le premier marché pour le diamant.
Sur le papier, l’augmentation des achats indiens, cette année, est une bonne nouvelle pour Alrosa, dont le bénéfice a chuté de 15 % l’année dernière. Mais cela ne suffira peut-être pas à renflouer les caisses de l’entreprise russe cette année : les prix du diamant en vigueur ont fait perdre à Alrosa 15,2 % de revenus au premier semestre, par rapport à 2023, malgré l’augmentation des ventes.
Miniers en difficulté
Le géant russe n’est pas seul à souffrir des prix. Debswana, la coentreprise entre Anglo-américains et l’État Botswanais, a vu ses ventes chuter de près de 50% au cours du premier semestre. Plusieurs miniers ont par ailleurs reporté ou annulé des ventes aux enchères prévues à l’automne, préférant se focaliser sur le maintien des prix plutôt que de vendre de plus grands volumes à bas prix. C’est le cas de Rio Tinto mais aussi d’Okavango Diamond Company, la société publique botswanaise.
Depuis l’été, les prix se sont stabilisés. La filière guette maintenant un rebond du marché américain, qui pourrait se traduire lors des fêtes de fin d’année.
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