La Chine produit trop de lait par rapport à ses besoins. Cela fait deux ans que cela dure et cela entraîne des dérèglements sur les marchés laitiers.
La filière lait est un bon reflet de l’économie chinoise. Et depuis deux ans, elle montre que le pays ne va pas fort. Effondrement du marché de l’immobilier, augmentation du taux de chômage chez les jeunes, – 17% en juillet dernier – et baisse des naissances – moins de 10 millions en 2022 soit une baisse de 10% par rapport à 2021 –, les Chinois consomment moins et donc moins de produits laitiers.
L’offre en revanche est plus qu’abondante : la collecte de lait a bondi de 35% sur les cinq dernières années, confirme Nicolas Pinchon, fondateur du cabinet de conseil Veille au Grain. Le gouvernement a mené le pays sur la voie de l’autosuffisance ces dernières années après une décennie marquée par le scandale du lait contaminé à la mélamine, qui, officiellement, a tué six nourrissons et rendu malade plus de 300 000 bébés dans le pays.
Hausse de la transformation du lait en poudre
De giga-fermes laitières de plusieurs dizaines de milliers de vaches ont vu le jour ces dernières années et ont profité d’une remontée des prix du lait. L’engouement a été tel que l’objectif de production fixé pour 2025 a été dépassé dès 2023, explique Jean-François Chaumet, directeur économie du Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel).
Ce trop-plein de lait a eu une multitude de conséquences. Depuis deux ans, les prix du lait et de la viande bovine se sont effondrés dans le pays. Pour que les quantités de lait produites soient conservées, elles ont été transformées en lait en poudre. Et plus précisément en poudre grasse qui peut ensuite être soit réhydratée pour redevenir liquide, et être utilisée sous forme de lait ou de yaourt, soit incorporée dans des recettes de viennoiseries ou d’autres préparations industrielles.
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Les importations chinoises de poudre en chute
Les stocks chinois de poudre de lait ont inévitablement grossi, ce qui a entraîné une chute des importations. D’août 2022 à août 2024, les importations chinoises de poudre grasse ont chuté de 45%, en volume, selon les données communiquées par le Cniel. Or, le pays en est le premier importateur mondial.
Ce retrait partiel de la Chine du marché a eu un impact pour les exportateurs, tels que la Nouvelle-Zélande et l’Europe, qui ont dû chercher d’autres débouchés.
L’inconnue est maintenant de savoir quand la tendance s’inversera. Tout dépendra de la reprise de la consommation et de l’adaptation de la filière : selon des chiffres officiels chinois, la production de lait a amorcé sa baisse. Une baisse qui serait pour l’instant surtout liée en grande partie à la fermeture des petites exploitations laitières moins solides économiquement.
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