L’antimoine, un métal utilisé dans les retardateurs de flamme, atteint des prix historiques. Cette hausse spectaculaire est portée depuis deux mois par les restrictions imposées par la Chine sur l’exportation des produits à base d’antimoine.
Cela fait deux mois que la Chine contrôle drastiquement ses exportations d’antimoine, deux mois pendant lesquels les prix spot du métal ont bondi de plus d’un tiers. De 25 000 $/tonne, mi-septembre, ils ont dépassé les 37 000 $/tonne cette semaine, pour une livraison au port de Rotterdam, selon des données d’Argus Media qui pointe des stocks très bas dans les entrepôts.
L’application des restrictions chinoises, qui pourraient encore durer plusieurs mois, selon un expert de la filière, a joué un rôle de catalyseur de prix dans un marché déjà tiré vers le haut depuis le début de l’année, et plus largement depuis 2020, comme le rappelle une étude de Mineralinfo, le site d’information du ministère français de la Transition écologique et du Bureau de recherches géologiques et minières (BRGM).
L’antimoine est résistant au feu et c’est ce qui lui vaut d’être prisé aussi bien pour la fabrication de plaquettes de frein que de munitions. Grâce à ses autres propriétés, il est utilisé pour la construction de batteries électriques et de cellules photovoltaïques. Cette dernière application sera peut-être le moteur de la consommation de demain : selon le cabinet de conseil Project Blue, plus d’un tiers de la demande mondiale d’antimoine d’ici à 2050 sera tirée par le secteur photovoltaïque.
À lire aussiLa Chine va limiter ses exportations d’antimoine, un métal rare et stratégique
Un métal critique pour l’Union européenne
Depuis 2011, l’Union européenne a compris que le métal gris-blanc était stratégique et l’a inscrit sur la liste des métaux critiques. À cette époque, les prix avaient bondi après une baisse de la production chinoise. Le stress de manquer avait entrainé des évolutions technologiques et accéléré le recyclage de batteries en fin de vie.
Mais cela n’a pas permis d’éviter un déficit évalué au printemps à 10 000 tonnes environ, selon Project Blue, car face à la multiplication des usages, l’offre ne suit pas.
Un approvisionnement dépendant de la Chine et de la Russie
Le renouvellement des réserves est trop lent, la teneur en antimoine est en baisse dans les mines historiques, en particulier celles de Chine. Le pays a vu sa production baisser ces dernières années — soit 37,5 % de la production mondiale en 2023 selon le BRGM — mais domine toujours le marché avec la Russie et le Tadjikistan. Cette concentration rend l’approvisionnement particulièrement vulnérable aux tensions géopolitiques.
Les prix records actuels pourraient pousser des investisseurs à s’intéresser plus à l’antimoine, ou encourager le recyclage. Mais le déficit est parti pour durer jusqu’en 2026, de l’avis des experts de Project Blue.
À lire aussiLa Chine renforce son emprise sur le commerce mondial d’antimoine
Source du contenu: www.rfi.fr