Depuis un mois, l’hélium produit en Russie est soumis lui aussi aux sanctions européennes. La mesure a perturbé le marché, avant même qu’elle entre en vigueur le 26 septembre dernier.
La Russie est le troisième producteur mondial, mais seulement le quatrième exportateur d’hélium. En Europe, la part des importations russes ne représente que quelques pour cent — les trois gros fournisseurs étant le Qatar, l’Algérie et les États-Unis — mais l’idée même d’être privé du gaz russe à partir de fin septembre a poussé les pays européens, en particulier l’Allemagne, à réaliser des stocks.
« Ces trois derniers mois, les importations européennes ont été multipliées par quatre », explique Nicolas Pelissier, président de la start-up française 45-8 Energy. Comme l’hélium ne peut pas se stocker sur une longue période, en raison de sa volatilité, cela a fait baisser temporairement les achats de gaz européen et donc les prix.
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Dumping russe en Asie
En Asie, le dumping russe pratiqué depuis l’annonce de nouvelles sanctions a aussi entraîné son lot de conséquences. La commercialisation de gaz russe, à des prix parfois 30 % inférieurs aux prix européens — prix variable selon les conditionnements — a fait baisser les prix en Chine : le pays achète désormais beaucoup plus à la Russie et moins au Qatar car, en plus de prix attractifs, l’Empire du Milieu bénéficie de la proximité de la production russe de Sibérie orientale, une production appelée à monter en puissance avec le développement du projet Amur.
Le Qatar, qui a perdu des parts de marchés en Asie, va devoir chercher de nouveaux contrats ailleurs. Mais l’émirat, qui faisait transiter son hélium via le canal de Suez, est aujourd’hui confronté à des défis logistiques qui pourraient faire exploser le coût environnemental de ses exportations.
Les prix européens retrouvent un niveau élevé
La mise sous sanction de l’hélium russe a donc désorganisé les échanges et affecté la dynamique observée ces dernières années sur le marché mondial, à savoir celle d’une hausse continue des prix portée par une augmentation de la demande dans l’industrie électronique de pointe — plus d’un quart des usages de l’hélium est maintenant dédié à ce secteur.
Aujourd’hui, les prix ont certes baissé en Chine, mais ils se sont de nouveau stabilisés à un niveau très haut en Europe, « un niveau acceptable économiquement pour tous, consommateurs et producteurs », estime le président de la start-up française sachant que pour les producteurs, un prix élevé est un moteur essentiel pour le développement de nouveaux projets et de nouvelles capacités de recyclage.
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