Chronique des matières premières – Le marché du coton entre forte volatilité et manque de visibilité

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Des cours du coton à la baisse, sans perspectives de redressement à court terme. C’est la réalité avec laquelle les sociétés cotonnières africaines et leurs partenaires du négoce doivent composer depuis plusieurs mois.

Sur le marché du coton, « personne n’a de vision très nette », résume un analyste. Une façon de dire que depuis des mois, tous les acteurs qui ont besoin de visibilité s’arrachent les cheveux. Les cours du coton sont en effet tiraillés par une série de vents contraires.

La production a été marquée par une reprise, au Brésil, aux États-Unis et en Australie. La récolte mondiale devrait se monter à un peu plus de 25 millions de tonnes en 2024-2025, soit un chiffre à peu près dans la moyenne de ces trois ou quatre dernières années. Mais la production a montré de grandes disparités, avec des rendements américains parmi les pires depuis vingt ans, pendant que ceux du Brésil — dont les surfaces cultivées augmentent — ont encore fait grimper la production du géant d’Amérique latine, devenu depuis l’année dernière premier exportateur mondial d’or blanc.

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Une demande qui s’est essoufflée au fil des mois

L’autre paramètre qui guide les prix, c’est la demande, et elle aussi a apporté son lot d’imprévus. Elle a d’abord été forte en début d’année, avec une Chine qui a importé sur la dernière campagne 3,2 millions de tonnes, un plus haut depuis dix ans, ce qui a permis d’éviter un effondrement des cours. Mais en Chine et dans l’Union européenne, un autre gros bassin de consommation, la demande a fini par s’essouffler et fait craindre un dernier trimestre moribond.

Cette succession de bonnes et de mauvaises nouvelles donne une tendance lourde de prix à la baisse, selon Michael Edwards, directeur du site d’information et d’analyse Cotton Outlook, et fait de 2024 une année « tumultueuse », pour reprendre les mots de Laurent Peyre, le président de l’Association française cotonnière, l’Afcot, qui a tenu son forum annuel les 3 et 4 octobre derniers.

Le Havre, berceau français du commerce de coton

La réunion de l’Afcot a eu lieu, pour la première fois depuis des décennies, dans la ville du Havre, au nord-ouest de la France, comme si, dans un contexte géopolitique des plus incertains, il faisait bon revenir aux origines. Celles de l’Afcot se trouvent précisément dans cette ville portuaire, à l’embouchure de la Seine.

C’est là que l’institution a été créée en 1890, à l’initiative d’un groupement d’importateurs, et c’est aussi là que la Bourse a joué, jusqu’à la Deuxième Guerre mondiale, un rôle international majeur dans l’établissement des prix du coton, mais aussi du café, des épices et des bois exotiques.

C’est aussi au Havre que de nombreux représentants de la filière cotonnière africaine ont été formés, à l’Istom, l’École supérieure d’agro-développement international.

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Source du contenu: www.rfi.fr

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