D’anciennes mines d’uranium reprennent du service aux États-Unis. L’objectif est répondre à la demande exponentielle de combustible et compenser les nouvelles contraintes d’approvisionnement liées au déclenchement de la guerre en Ukraine.
Cela fait longtemps que les États-Unis ne sont plus les premiers producteurs mondiaux d’uranium, mais ils restent les premiers consommateurs avec plus de 90 réacteurs en service. Et à ce titre leur besoin en combustible est colossal : il est évalué à plus de 18 000 tonnes pour cette année, soit plus du quart de la demande mondiale. Or aujourd’hui l’uranium domestique ne couvre que 10 % des besoins du pays.
Pour relancer significativement la production dans la prochaine décennie, l’Association des producteurs d’uranium naturel du pays -Uranium Producers of America- estime qu’il faudrait 8 à 10 nouvelles mines majeures. L’organisation soutient aussi la réouverture des mines en sommeil depuis l’accident de Fukushima en 2011, accident qui avait provoqué un effondrement des prix.
À lire aussiLes États-Unis toujours accro à l’uranium russe
Des prix incitatifs
Aujourd’hui les prix ne sont plus un frein à l’exploitation minière, au contraire. En dépassant les 100 dollars la livre, en janvier après des mois d’ascension, ils ont créé des conditions favorables à la relance des opérations autrefois non rentables, même si le coût de l’exploitation minière est réputé plus élevé aux États-Unis qu’ailleurs. Les prix restent incitatifs malgré la baisse observée depuis février et le resteraient même si les cours devaient encore diminuer, estime un expert. L’uranium est en effet plus que jamais regardé comme une matière stratégique. Autrement dit, la rentabilité économique est moins un sujet qu’avant.
Cinq producteurs américains ont déjà décidé de rouvrir des mines au Texas, au Wyoming, en Arizona et en Utah. Parmi eux, Uranium Energy Corp, Ur-Energy et Energy Fuels. « De petits acteurs » précise un expert, pour une production qui ne sera que mineure.
Sécuriser les approvisionnements
Mais même si ce n’est que pour des volumes limités, rouvrir d’anciennes mines va dans le sens d’une meilleure sécurisation des approvisionnements, c’est l’idée que défend la filière. L’objectif est aussi de réduire la dépendance américaine à l’uranium russe et de pallier, selon le Financial Times, une éventuelle baisse des approvisionnements du Kazakhstan, qui fournit aujourd’hui un quart du combustible du pays. Le défi est immense : Russie, Kazakhstan et Ouzbékistan ont représenté en 2022 près de la moitié des importations américaines.
À lire aussiUranium, un marché de plus en plus serré
Source du contenu: www.rfi.fr