Le lithium fait chuter les bénéfices des compagnies minières. En raison d’une offre excédentaire, plusieurs mineurs chinois affichent des pertes au premier semestre de l’année 2024 et annoncent repenser leur stratégie d’investissement.
Avec des prix qui ont chuté à leur plus bas niveau depuis trois ans, les bénéfices que certains avaient encore réussi à enregistrer l’année dernière n’ont pas été réalisables en 2024.
Les bilans du premier semestre communiqués ces derniers jours par deux miniers chinois confirment la crise qui touche la filière. Ganfeng le cinquième producteur mondial en valeur, annonce une perte de 107 millions de dollars. Tianqi, un autre groupe chinois, enregistre sa première perte semestrielle depuis 2020 – soit 734 millions de dollars – selon Bloomberg.
« Il n’y a pas d’exception, résume Michel Jebrak, spécialiste en ressources minérales et co-auteur du livre Objectif lithium (Éditions MultiMondes). Tous les grands producteurs de lithium ont perdu 50% de leur valeur. » Y compris Albermarle, le numéro 1 américain, qui a réduit depuis plusieurs mois déjà de manière drastique ses coûts pour essayer de compenser la chute des prix.
Plans d’expansion remis en cause
Sans surprise, Ganfeng repense lui aussi désormais ses investissements, en particulier ceux des projets qui ne génèrent pas de rendements « significatifs » à court terme.
L’avenir n’a jamais été incertain pour ces jeunes sociétés qui se rêvaient en « caïds » du lithium dans les prochaines années. « La baisse de leurs valeurs boursières les rend plus accessibles aux majors », explique Michel Jebrak, en particulier à celles qui sont sorties du charbon et qui vont devoir se positionner sur les métaux d’avenir, indispensables à la transition électrique. « Il n’est donc pas exclu d’assister à une période de négociation en vue de rachats ou de fusion entre sociétés » ajoute l’expert.
Des perspectives suspendues à l’évolution du parc automobile
Seule la reprise économique de la Chine et l’électrification du parc automobile européen et américain permettront aux miniers de remonter la pente. Or, l’essor de l’électrique est lui-même tributaire de politiques gouvernementales, et donc par essence difficile à anticiper.
Dans une de leurs dernières notes, les analystes d’UBS prédisent un marché excédentaire encore jusqu’en 2027, et abaissent de 10% leurs perspectives de demande en lithium d’ici 2030, le report annoncé de plusieurs projets n’étant pas jugé suffisant à ce stade pour compenser la faiblesse des besoins.
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