Après 2023 et 2024, 2025 sera encore une année de déficit sur le marché du platine, un métal utilisé dans le secteur automobile mais aussi dans d’autres secteurs industriels et en joaillerie. Mais ce déficit n’annoncera pas forcément une hausse significative des prix.
Le recyclage devrait progresser de 12% l’année prochaine, grâce à la récupération de platine dans les pots catalytiques et dans une moindre mesure grâce au recyclage de bijoux. Cet approvisionnement indirect est important, mais ne suffira pas à répondre à la demande. Le déficit pourrait être de 539 000 onces, en 2025, soit à peine moins que celui estimé pour cette année – 682 000 onces – par le groupement des producteurs de platine, le World Platinum Investment Council.
Le déficit vient en partie de l’extraction minière. La production de l’Afrique du Sud, numéro 1 mondial du secteur, devrait diminuer de 2% l’année prochaine, selon les données du WPC. La mise en maintenance de la mine américaine de Stillwater West n’arrange rien. Le deuxième fournisseur, la Russie, ne devrait pas arriver à faire mieux qu’en 2024 et ne pourra pas combler le manque. Le résultat, c’est une offre mondiale qui devrait être, l’année prochaine, inférieure de 5% à la moyenne décennale.
L’avenir de la demande très incertain
Mais ce déficit ne met pas pour l’instant en péril les utilisateurs de platine. C’est plutôt la demande qui inquiète les observateurs de la filière. En 2025, elle devrait baisser d’1% et à plus long terme, l’horizon pourrait encore s’assombrir.
Le platine est utilisé dans les véhicules diesel, mais aussi comme substitut au palladium dans les pots catalytiques des véhicules à essence. Sa demande est donc appelée à baisser inexorablement avec la transition énergétique, même si elle reste pour l’instant encore portée par la construction des voitures hybrides. La demande en bijoux reste globalement stable alors que celle dans l’industrie du verre devrait fortement baisser l’année prochaine.
Prix en baisse sur dix ans
La principale inconnue dans ce paysage, c’est l’évolution du secteur de l’hydrogène et l’utilisation du platine dans les batteries à combustible notamment. Les producteurs du métal misent sur ces nouvelles technologies, « mais elles restent encore confidentielles », relève Vincent Donnen, patron de la Compagnie des métaux rares (CDMR), une société d’investissement.
Cette incertitude sur les usages de demain participe peut-être au maintien des prix qui ne flambent pas malgré le déficit constaté depuis deux ans. « En dix ans, le métal a même perdu 400 dollars l’once », rappelle l’expert.
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