Les navires vus du cosmos. Cela peut paraître étrange, pourtant, cela existe ! Et c’est même l’un des enjeux les plus importants de l’avenir du transport de passagers et de marchandises. Fin janvier, les professionnels de la mer étaient à Marseille dans le sud de la France pour les Rencontres Euromaritime. La surveillance spatiale et les satellites ont fait partie des débats d’actualité.
Avez-vous remarqué ? Il n’y a jamais eu de « deuxième Titanic ». Un naufrage aussi catastrophique sur les mers du monde. C’est grâce au ciel, aux satellites.
L’AIS, Système d’authentification satellitaire
Cet humour britannique est justement l’œuvre d’un Britannique, Nick Appleyard, directeur de l’Agence spatiale européenne. Sa qualité d’expert en télécommunications lui permet de comprendre les données d’une vingtaine de satellites spécialisés. Ces gendarmes de la route maritime, dit-il, dont les capteurs et les radars voient et enregistrent tout, courants, vitesses de navires ou cargaisons :
« Vous savez, c’est en mer comme pour le GPS sur les trains ou les camions. L’espace, avec les satellites, permet une qualité de connexions plus efficace que les moyens terrestres qui sont vulnérables (obstacles, habitations, murs, météo…) Ensuite les satellites et les radars photographient en précision les navires et les dangers de la mer : les icebergs, les marées noires, les nappes de plastiques ou les algues… Autant de paramètres utiles aux marins et aux armateurs qui peuvent gagner du temps et mieux gérer leurs trajectoires. »
Lutte contre la pollution
Le développement des calculateurs et de la nouvelle Intelligence artificielle, appelée générative, va transformer surveillance des navires. Plus rapides, plus précis, les outils calculent les vitesses pour économiser le carburant.
Grâce aux innovations de la nouvelle intelligence artificielle, les satellites permettront d’élaborer des outils qui arriveront à faire piloter à distance un navire en difficulté de manœuvres au port ou dans un canal.
Pétroliers russes et attaques en mer Rouge
Paul Tourret, directeur de l’Isemar, l’Institut supérieur d’économie maritime, y voit un autre avantage directement lié à l’actualité des attaques de navires au large du Yémen :
« Je cite juste deux exemples de surveillance satellitaire lié à l’actualité chaude de 2024. Les navires pétroliers russes et les attaques de cargaisons par les rebelles Houthis en mer Rouge. Le transport de pétrole russe est sous sanctions, mais pas illégal. Grâce aux satellites, nous pouvons surveiller les cargaisons et les routes qu’ils suivent jusqu’à leur destination. Quant aux attaques au large du Yémen, les Houthis se servent des signaux envoyés par connexions satellitaires pour obtenir les informations sur les bateaux. Alors, bien sûr, les navires peuvent éteindre leur connexion. Cela met en danger non seulement l’équipage et les marchandises, mais aussi toute la sécurité du trafic maritime international. »
Conscient de l’enjeu du spatial pour gagner la bataille contre la pollution, l’armateur français CMA-CGM a signé un partenariat (2021-2026) avec le CNES, le Centre national d’études spatiales.
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