Le PDG de la compagnie low-cost irlandaise a reconnu que le constructeur américain Boeing était peu regardant «concernant les détails» des avions qu’il livre.
Alors que le patron du constructeur américain Boeing va quitter ses fonctions fin 2024, en pleine tourmente après une succession de problèmes de qualité et de sécurité sur ses avions, le PDG de la compagnie irlandaise Ryanair Michael O’Leary ne l’a pas épargné à nouveau, participant même à précipiter sa chute. Quelques mois après avoir expliqué en conférence de presse avoir retrouvé une clef à molette sous le plancher d’un avion neuf qu’il venait de réceptionner, le patron haut-en-couleur de la célèbre compagnie low-cost vient de reconnaître qu’il y avait «des problèmes de qualité chez Boeing».
«En 2022 et en 2023, nous avions trouvé de petits objets, comme des clefs à molette ou, dans d’autres cas, des poignées de sièges manquantes. Des manquements de cet ordre-là», a-t-il ainsi confié dans un entretien accordé à CNN le 20 mars dernier. «Mais rien de grave, ni de majeur», a-t-il ajouté, tout en affirmant qu’il n’est «pas acceptable que les avions livrés ne soient pas parfaits à 100%». Et pour éviter toute déconvenue, le PDG de Ryanair assure que ses ingénieurs passent systématiquement «48 heures à vérifier les nouveaux avions» réceptionnés par sa compagnie à Dublin.
Des changements qualifiés d’«indispensables»
Comment se fait-il que l’homme d’affaires – qui peut se vanter d’être à la tête de ce qui est le premier transporteur européen et le troisième mondial en termes de passagers – ait ainsi attaqué son partenaire de toujours ? Car non seulement Ryanair ne fait voler que des avions Boeing mais il est de surcroît l’un des plus gros clients du constructeur américain. Ce n’est pas la première fois que Michael O’Leary manifeste son inquiétude à l’égard de son fournisseur, dont il juge «le contrôle qualité post-covid inacceptable», et a même récemment qualifié d’«indispensables» les changements à venir dans le groupe.
En attendant, ce dernier tient à rassurer les plus de 180 millions de passagers qui lui ont fait confiance en 2023 – soit deux fois plus qu’easyJet – en promettant des contrôles drastiques. «Nous ne sommes pas disposés à mettre un avion en service chez Ryanair si nous ne sommes pas pleinement convaincus que tout est à la bonne place et que tout fonctionne», a-t-il finalement déclaré à CNN, révélant être «quotidiennement en lien avec eux» et se disant pleinement convaincu que Boeing «s’améliore un peu plus chaque jour».
Tacle à Bruno Le Maire
De son côté, Boeing n’a pas tardé à répondre aux révélations de Michael O’Leary, dans une interview donnée au site web américain Business Insider. «Nous nous concentrons sur la mise en œuvre de changements visant à renforcer la qualité dans l’ensemble de notre système de production et à prendre le temps nécessaire pour livrer des avions de haute qualité qui répondent à toutes les exigences réglementaires», s’est ainsi défendu le porte-parole du groupe, interrogé à ce sujet. La guerre est-elle déclarée entre les deux groupes ? Pas le moins du monde, même si les retards de livraison de Boeing vont coûter cher à Ryanair. En raison des problèmes de sécurité du constructeur, la compagnie irlandaise ne recevra que 40 des 57 appareils attendus, d’ici la fin du mois de juin. Avec pour conséquence la réduction d’environ dix lignes de vol pour les mois de juillet, août et septembre.
Et preuve de sa fidélité à Boeing, le PDG de Ryanair n’avait pas hésité à se moquer de Bruno Le Maire, lorsque celui-ci avait glissé qu’il «préférait désormais voler en Airbus que de voler en Boeing». «Ma famille aussi, elle tient à moi», avait dit le ministre de l’Économie et des Finances français. Une petite phrase, sans aucun doute emprunte de chauvinisme, qui n’avait pas échappé au patron irlandais, qui avait jugé «stupide» l’avis du ministre. Son commentaire était «bête et mal avisé», tacle Michael O’Leary dans un entretien à Politico, allant jusqu’à comparer la sortie du ministre français à celles de Donald Trump. «Nous vivons dans un monde où nous encourageons la liberté d’expression, et Donald Trump raconte des bêtises. Bruno Le Maire fait la même chose».
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