La crise du pouvoir d’achat mine la confiance des Français dans la politique

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L’inflation n’est plus seulement une préoccupation immédiate des Français, elle mine désormais leur rapport au politique, aggravant un mal déjà bien enraciné dans l’Hexagone : la défiance. Ressuscitée par les déconfinements et la guerre en Ukraine, elle montre désormais l’étendue de ses effets sur la société française.

C’est l’un des enseignements du baromètre de la confiance politique, vaste enquête annuelle réalisée par l’institut OpinionWay pour le Centre de recherches politiques de Sciences Po (Cevipof) entre le 8 et le 18 janvier, soit après la nomination de Gabriel Attal à Matignon, dans quatre pays : la France, l’Allemagne, l’Italie et la Pologne.

Pour la première fois, la défiance s’invite en effet dans la sphère privée. Les Français sont les moins satisfaits des quatre populations étudiées concernant leur vie personnelle. « Jusqu’ici, les données faisaient apparaître un paradoxe français, entre la perception d’une société qui va mal et celle d’un individu qui va bien dans sa vie personnelle », explique Gilles Ivaldi, chercheur au Cevipof. Désormais, les frontières semblent brouillées. Un effet de la crise du pouvoir d’achat et d’une inflation qui dure et « touche le bien-être individuel », selon le politiste.

De fait, malgré les politiques de soutien face à la flambée des prix de l’énergie mises en place par l’exécutif depuis 2021, les salaires n’ont pas progressé aussi rapidement que les prix en France, lesquels ont bondi de plus de 10 % en deux ans. Et, paradoxalement, les augmentations successives du salaire minimum, indexé sur les prix, y ont accru le nombre de « smicards », alimentant un sentiment de déclassement et de désengagement au travail.

Méfiance, lassitude, morosité

Ce sentiment général de vulnérabilité dans la vie privée se retrouve sous des formes variées à travers l’étude. Ainsi, c’est en France que la peur d’être cambriolé est la plus élevée, les citoyens des autres pays étudiés craignant davantage d’être victimes d’agressions hors de leur domicile. « Ce risque d’intrusion chez soi, synonyme d’une frontière plus poreuse entre le public et le privé, est le signe d’une plus grande précarisation économique, et du sentiment que l’Etat protège moins qu’avant », juge Luc Rouban, chercheur au Cevipof. Un sentiment « très corrosif » pour la confiance, et face auquel les partis politiques sont démunis.

Le choc de la guerre en Ukraine ou encore le risque d’un accident nucléaire, présents dans les enquêtes d’opinion au début du conflit, ont été très vite supplantés dans les motifs d’inquiétude des personnes sondées. « En revanche, la vraie répercussion, c’est le pouvoir d’achat, qui percute les individus des classes moyennes en particulier », poursuit Gilles Ivaldi. Celles-là mêmes dont le nouveau chef du gouvernement, Gabriel Attal, a fait sa priorité.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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