Depuis jeudi, la page Google de l’enseigne est ciblée par des personnes appelant à la démission du gérant pour avoir refusé de faire travailler une intérimaire voilée.
Après les menaces de mort, un flot d’avis négatifs appelant à la démission… Depuis la publication sur les réseaux sociaux d’une vidéo montrant le gérant de la boutique Geox Strasbourg refuser d’employer une intérimaire voilée, la page Google Maps de l’enseigne est devenue le théâtre d’un raid numérique malveillant. Des avis loin d’être anodins, tant la fameuse note en ligne peut désormais jouer un rôle important pour l’attractivité d’un commerce.
Des appels à salir la réputation numérique de l’enseigne ont réellement démarré sur X, anciennement Twitter. Dès jeudi, plusieurs internautes conseillaient publiquement de poster de faux avis sur la page Google de Geox Strasbourg. «N’hésitez pas à aller sur Google, Geox, Strasbourg, et laisser un très mauvais avis. Ça leur fera les pieds a ces racistes», note un utilisateur de X. «Google Geox Strasbourg… Laisser leur des avis bien dégueulasse. Boycott», écrit un autre. «Geox ca va aller mettre des sales avis», peut-on aussi lire. Ou encore «Tenez les gars mettez le maximum d’avis négatif !!».
Un autre internaute conseille d’être discret dans son commentaire pour pas ne se faire «cramer» par Google, afin d’éviter que le faux avis soit supprimé. Le tout en publiant une image du commentaire laissé sur la plateforme américaine. «Je tiens à souligner l’incompétence et le manque de professionnalisme du gérant se nommant Nicolas. Cette personne a fait preuve de manque de respect à mon égard et à certains clients, mais surtout de l’abus de pouvoir sur ses vendeurs. Il n’a pas du tout la capacité pour être responsable, et j’espère que cette personne sera démis de ses fonctions le plus vite possible», a-t-il posté. Un internaute a également écrit sur Google «Nicola l’islamophobe qui devrait avoir honte a bannir de ce magasin».
Condamnations pour faux avis
Jeudi soir, après cette ruée, l’enseigne comptait 110 avis sur Google avec une note moyenne de 2,7 sur 5. Ces commentaires négatifs publiés n’avaient évidemment aucun lien avec la qualité des services proposés par la boutique et ne révélaient en rien une expérience client véritablement vécue. Cette situation a poussé Google à bloquer provisoirement les avis et à supprimer ceux dernièrement postés. Une démarche assez habituelle pour l’entreprise américaine. Le groupe garde un œil sur les contributions, grâce à une vérification «manuelle» ainsi qu’à des systèmes de détection automatisés capables de repérer des avis suspects. «Maps n’a pas vocation à devenir une tribune propageant des attaques personnelles, ou des commentaires politiques ou sociaux. Les contenus qui ne respectent pas cette règle seront supprimés», prévient l’entreprise dans ses conditions d’utilisation. Ce vendredi, la page Google Maps de Geox Strasbourg avait donc récupéré sa note de 4,1, avec 62 avis.
Ces faux avis malveillants et discriminatoires peuvent être punis par la loi. «Les avis négatifs peuvent être illégaux s’ils constituent des actes de diffamation, d’injure ou portent atteinte à la vie privée d’une personne», détaille le cabinet d’avocats Deshoulières. Et de poursuivre : «Ces faux avis peuvent être supprimés et leur auteur condamné». À ce titre, le 22 juin 2022, le Tribunal judiciaire de Paris a d’ailleurs jugé que les avis Google frauduleux qui mettent en cause «la qualité des services offerts, par une société ou un professionnel, en vue d’inciter de potentiels clients de s’en détourner constituent des actes de dénigrement donnant lieu à la condamnation de leur auteur à indemniser la victime des préjudices subis». Cette même année, un internaute a été condamné à verser à un commerçant lésé 1000 euros pour dommages et intérêts, et 800 euros pour frais de justice.
Sur internet, la polémique n’est pas près de s’éteindre : désormais, des internautes appellent à multiplier les avis positifs pour soutenir le gérant menacé de mort. «Venez TOUS soutenir Geox en mettant des avis positifs sur Google pour contrebalancer les avis des islamistes», écrit l’un d’eux sur X.
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