Au sein des États démocratiques, un défi est de plus en plus prégnant : le difficile équilibre à trouver entre réductions des déficits et investissements nécessaires à la modernisation de l’économie, avec l’impératif de la transition écologique. Et une question se pose : cette exigence contradictoire peut-elle menacer le fonctionnement des démocraties ?
Les démocraties occidentales sont fragilisées par une forme de désaffection civique et par la concurrence féroce de modèles alternatifs, en particulier les modèles autoritaires russes et chinois. Mais le débat politico-économique autour du bon niveau de dépenses publiques prend de l’ampleur. On le voit notamment, sur des modalités différentes, dans des pays comme la France, l’Allemagne ou les États-Unis.
Le niveau d’endettement pèse lourd dans le débat public. En France, le gouvernement de Michel Barnier tire la sonnette d’alarme. Avec un taux à 110 % du PIB, la dette représente à terme un danger sur l’équilibre financier du pays. En particulier à cause des taux d’intérêt de cette dette, qui représentent le 2ᵉ poste de dépenses ! Ce taux est également élevé aux États-Unis, où l’endettement équivaut à 122 % du PIB, mais les États-Unis, notamment avec le dollar, ont les reins plus solides auprès de leurs créanciers.
Une situation différente en Allemagne
En Allemagne, la dette ne dépasse pas les 60 % du PIB. Dans ce pays traumatisé par la catastrophe financière de la République de Weimar, qui a conduit à amener les nazis au pouvoir, ce « frein à l’endettement » est de plus en plus critiqué par certains partis, défendu mordicus par d’autres.
Les premiers expliquent qu’il faut desserrer ce frein qui bloque le développement de l’économie, les seconds insistent sur la nécessité de rester rigoureux. Ces tensions ont provoqué l’éclatement de la coalition gouvernementale du chancelier Scholz — avec, à la clé, de nouvelles élections en février prochain.
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Le débat sur la dette est concomitant à celui sur le déficit budgétaire
La dette sert en partie à combler les déficits budgétaires qui ne cessent de se creuser en France et aux États-Unis, deux pays qui en sont à 6 % de déficit budgétaire. En France, le gouvernement cherche désespérément à faire 60 milliards d’économies, avec des débats homériques à l’Assemblée nationale entre réductions des dépenses et nouvelles taxes.
Aux États-Unis, Donald Trump a chargé Elon Musk de couper les dépenses publiques d’un tiers — cela représente pas moins de 2 000 milliards de dollars.
En Allemagne enfin, le débat est presque à l’opposé. Comme sur la dette, des voix de plus en plus nombreuses demandent à sortir de la règle des 0,35 % de PIB maximum pour le déficit, qui empêche les dépenses d’investissement dans l’avenir et la sécurité du pays.
Dans ces trois pays, il faut arbitrer plus que jamais entre les dépenses courantes (pour combler le déficit et financer la protection sociale) et les dépenses d’investissement pour la modernisation de l’économie et la transition écologique — qui peuvent justifier de recourir à l’emprunt. Et ces débats, qui peuvent paraître techniques, sont en fait extrêmement politiques. Car c’est sur ce terrain aussi que va se jouer l’avenir des systèmes démocratiques.
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