Les chaufferies biomasse décriées par des habitants du centre de la France : « On a l’impression de jeter notre argent par les fenêtres »

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Lors d’une session extraordinaire, le 22 janvier, les membres du conseil municipal de Vineuil (Loir-et-Cher) ont applaudi à tout rompre l’abandon de la chaufferie biomasse du quartier des Paradis. Le maire François Fromet (divers gauche) était soulagé d’en finir avec cette délégation de service public instaurée en 2008 par un prédécesseur.

Ses administrés se plaignaient de factures élevées, d’interventions de maintenance tardives et de chauffages défaillants à cause de fuites d’eau sur le réseau, ce qui entraînait des chutes de débit. La chaufferie n’était bonne pour personne. « Le déficit structurel de l’opérateur était si important qu’il a préféré se désengager totalement », explique l’élu. Ledit déficit se chiffrait à 162 841 euros en 2009, et à 645 588 euros pour la seule année 2022.

Le lotissement des Paradis est un labyrinthe de pavillons blancs et d’allées goudronnées gagné sur d’anciennes fermes. Quand le projet de chaufferie collective biomasse est présenté, en 2007, 300 logements et un collège doivent bénéficier d’économies d’énergie de 30 % par rapport à un chauffage au gaz individuel. Utilisant le bois comme combustible − alternative écologique aux équivalents tournant aux énergies fossiles tels le fioul, le gaz ou le charbon −, la nouvelle chaufferie bénéficie alors, à ce titre, de fortes subventions publiques.

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Mais à Vineuil, le raccordement nécessite un surcoût d’un demi-million d’euros par rapport au budget prévu. En 2012, le maire autorise le délégataire à facturer aux abonnés l’amortissement et l’entretien de sa chaudière. Leurs factures grimpent, tandis que le service se dégrade. D’autant que la zone pavillonnaire, coincée entre le collège et quelques maisons bourgeoises, ne peut s’agrandir : la chaufferie demeure surdimensionnée.

« C’était du vent »

A l’été 2024, un artisan viendra installer gratuitement une pompe à chaleur chez René Saulnier, un résident du lotissement. Le devis trône sur la table basse : 15 000 euros. La société Dalkia paiera pour compenser le démantèlement de sa chaufferie. « Il paraît que c’est bruyant, une pompe. Ça nous inquiète tous un peu ici », souligne-t-il. En 2023, ce retraité a versé 1 300 euros de chauffage et d’eau chaude, plus 1 200 euros pour l’électricité. Lui voyait la chaufferie comme une reconnaissance. « J’avais l’impression qu’on était acteur de la transition écologique. C’était du vent. »

Un camion de broyat, voire deux, se présente encore chaque semaine à l’entrée du discret hangar noir, entouré de tilleuls, qui abrite la chaufferie, au bout du lotissement. Sa cargaison est entassée, puis poussée mécaniquement jusqu’au sommet d’un grand four, une machine rutilante pilotée par écran tactile. De temps en temps, un compresseur envoie de l’air pour dépoussiérer la chaudière. L’appareil suffoque. « Je me vois mal demander un devis s’il ne va plus servir que quelques mois encore », soupire un technicien qui vient l’inspecter chaque matin.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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