Les Grecs inquiets de la détérioration de leur littoral

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LETTRE D’ATHÈNES

Avec le projet de loi sur la valorisation des zones côtières grecques présenté par le ministère de l’économie, le Fonds mondial pour la nature (WWF) estime que « les plages sont traitées comme des chantiers de construction » et que « le gouvernement tente de supprimer le minimum de 30 mètres non constructible à partir du rivage » actuellement en vigueur.

Soumis à la consultation publique pendant deux semaines, le projet de loi a suscité la colère de huit organisations de défense de l’environnement, parmi lesquelles le WWF et Greenpeace, et a engendré 1 200 commentaires sur le site du ministère de l’économie. Les huit ONG rappellent que cette limite de 30 mètres est déjà l’une des plus permissives de l’Union européenne.

La convention de Barcelone adoptée en 1976, puis modifiée en 1995, interdit toute construction ou installation nouvelle à moins de 100 mètres du rivage en dehors des zones urbanisées. Mais, comme le note le WWF, la Grèce n’a pas ratifié ce protocole. Le projet de loi revient aussi sur l’interdiction d’attribuer des concessions dans des « petites zones côtières » (moins de 5 mètres de longueur ou de largeur, ou moins de 150 mètres carrés de superficie), l’utilisation de ces petites plages pourra notamment être attribuée aux hôtels, précise l’ONG.

Theodota Nantsou, chargée de la politique environnementale pour le WWF dans le pays, considère que « la Grèce est en train de faire marche arrière » et que « ce projet de loi risque de permettre des constructions partout alors même que certaines îles comme Ios [dans les Cyclades] sont déjà envahies d’hôtels construits souvent sans permis»

Pour la militante écologiste, « le ministère de l’économie ne devrait pas gérer le littoral comme une entreprise ». Le texte, qui devrait être voté prochainement, supprime également une phrase importante se trouvant dans les précédentes législations : « Le littoral est un élément essentiel de l’environnement naturel du pays, qui doit être protégé par l’Etat et géré (…) comme un espace public. »

Les associations voudraient, par ailleurs, que le gouvernement se dote des ressources nécessaires – plus d’inspecteurs – pour contrôler les bâtiments construits illégalement, et que des décisions soient prises rapidement pour les démolir. Trop souvent, les procédures judiciaires prennent des années, laissant les paysages grecs envahis de structures inachevées.

Grande valeur patrimoniale

Le ministre de l’économie, Kostis Hatzidakis, a répondu aux critiques, jugeant au contraire que cette nouvelle législation va mettre de l’ordre et renforcer les contrôles contre les constructions illégales. « Malgré le manque de personnel, l’année dernière (entre juillet et septembre 2023), nous avons effectué 4 500 contrôles et constaté 1 750 infractions », assure le ministre, qui prévoit également des inspections au moyen des drones en 2024 et des sanctions plus strictes allant jusqu’à la fermeture des entreprises qui auraient bâti illégalement des structures ou déployé des parasols sur les plages sans laisser suffisamment d’espace libre pour les citoyens.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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