L’immobilier commercial américain revient troubler le secteur bancaire

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Deux secousses qui rappellent de mauvais souvenirs. Moins d’un an après les faillites retentissantes de trois banques aux Etats-Unis (Signature Bank, Silvergate et Silicon Valley Bank), à l’origine d’un effet domino qui avait conduit à la chute de Credit Suisse, le doute semble reprendre le secteur bancaire, ou en tout cas une partie de celui-ci.

Aux Etats-Unis d’abord, où la New York Community Bank (NYCB) a vu sa valeur boursière fondre de 55 % en quelques jours après avoir annoncé, le 31 janvier, une perte trimestrielle et une baisse de son dividende, deux très mauvaises surprises pour Wall Street.

En Europe ensuite, où la Deutsche Pfandbriefbank (PBB), spécialiste allemande du crédit immobilier, était lourdement sanctionnée une semaine plus tard sur le marché obligataire. Le 7 février, elle annonçait augmenter ses réserves pour couvrir d’éventuels défauts de remboursement, en évoquant « la plus importante crise immobilière depuis la crise financière » de 2007-2009.

« Modèle archaïque »

Dans les deux cas, l’origine de l’accès brutal de défiance des investisseurs est la même : une exposition jugée excessive à l’immobilier commercial américain – commerces, entrepôts et surtout bureaux. Car ce marché ne parvient pas à s’extirper de la crise provoquée par la brusque remontée des taux d’intérêt, qui renchérit le coût de sa dette, et par la chute de la demande de bureaux, liée principalement à l’essor du télétravail.

Selon le cabinet américain JLL, le taux de vacance dans l’immobilier de bureau atteignait le niveau record de 21 % au troisième trimestre 2023 sur les principaux marchés d’Amérique du Nord, contre moins de 14 % trois ans plus tôt. Les dégâts sont moins importants en Europe, avec 8 % de bureaux vides.

PBB paie en outre au prix fort le fait que, absente du marché de la banque de détail, elle finance pour l’essentiel ses activités de prêt en émettant des obligations. « PBB opère sur un modèle économique de banque du passé, un modèle archaïque : celui d’une banque extrêmement dépendante des marchés pour son financement, qui était valable dans un environnement de taux très faibles mais dépassé aujourd’hui », explique Jérémie Boudinet, responsable de la gestion de crédit « investment grade » à la société de gestion La Française AM.

Pour NYCB, que l’agence de notation Moody’s a rétrogradée, le 6 février, parmi les émetteurs à risque (« junk »), l’inquiétude est aussi alimentée par la perspective de voir se refermer, le 11 mars, le robinet des financements exceptionnels mis à disposition du secteur bancaire par la Réserve fédérale après les faillites de 2023.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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