Livre. « Le management dans la culture est un sujet “accessoire”. » « Création et management sont définitivement irréconciliables. » « La gouvernance dans la culture ne peut être raisonnable. » C’est un chapelet d’idées reçues et de lieux communs (43 au total) que nous propose l’ouvrage collectif En finir avec les idées fausses sur le management dans la culture (Editions de l’Atelier), sous la direction de Michel Barabel, professeur affilié à Sciences Po Executive Education, Pascale Levet, professeure associée à l’IAE Lyon School of Management, et Thierry Teboul, directeur général de l’Afdas (Assurance-formation des activités du spectacle), l’opérateur de compétences de la culture.
Cette accumulation de contrevérités vise tout à la fois à alerter sur les errances passées et actuelles du secteur de la culture, et aussi à souligner l’urgence de faire évoluer la gestion collective au sein de ses structures.
Les errances passées et actuelles tout d’abord. « Combien de fois n’a-t-on pas entendu que l’injonction managériale n’avait pas sa place dans un secteur qui puise sa force créative dans la disruption et la résistance à un certain conformisme économique ? », résume M. Teboul. Introduire des règles managériales reviendrait ainsi à faire entrer le loup dans la bergerie culturelle, à pervertir, en quelque sorte, la pensée créatrice. En conséquence, le sujet a bien souvent été éludé et traité par le mépris.
Il y a pourtant urgence à « en finir une bonne fois pour toutes avec l’insoutenable légèreté du management dans la culture », soulignent les auteurs. Tout d’abord parce que, comme dans toute autre organisation, « le gérant (…) doit s’intéresser à la paix sociale, au bien-être et à la satisfaction de ses employés », précise Rémi Lourdelle, secrétaire national F3C-CFDT (Fédération Conseil, Communication, Culture). « L’ombre prestigieuse de l’artiste et de sa liberté ne peut nier la foule des anonymes travailleurs de la culture avec leurs savoir-faire, leurs règles et leurs procédures », note l’économiste Pierre-Yves Gomez, qui souligne que « ces lieux culturels (…) ont besoin d’être régulés. »
Exposition aux risques psychosociaux
C’est d’autant plus vrai que le secteur a pu souffrir de cette absence d’encadrement structuré. Une étude Prodiss/Audencia Business School de 2017 avait mis en lumière « les signes d’une attente non satisfaite des permanents », expose Malika Seguineau, directrice générale d’Ekhoscènes, un syndicat du spectacle vivant : « La moitié des salariés interrogés déclaraient ne pas avoir de fiche de poste (…), la grande majorité n’avaient pas accès à un plan de formation, ni même à un accord sur l’organisation et la durée du temps de travail ».
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