Nucléaire : le prix de l’uranium naturel au plus haut depuis 2007

Share

L’appétit retrouvé pour le nucléaire se répercute sur le prix du « yellow cake » (« gâteau jaune »), comme est surnommé le concentré d’uranium. Depuis mi-janvier, la livre (environ 450 grammes) du minerai nécessaire au fonctionnement des centrales est repassée au-dessus d’une barre symbolique : celle des 100 dollars (environ 92 euros), sur le marché en direct. Jusqu’à 106 dollars, le 2 février, sur la place boursière du New York Mercantile Exchange. C’est cinq fois plus qu’en 2016. Et c’est surtout sans précédent depuis 2007 – le cours international de l’oxyde d’uranium avait alors culminé à 138 dollars.

Anticipant un rebond de la demande, le prix de cette matière première remonte en même temps que le nombre de projets de nouveaux réacteurs, après des années de calme plat. Exemple en décembre 2023, à Dubaï, à l’occasion de la 28e Conférence des parties (COP28) : vingt-deux pays, dont la France, ont affiché leur ambition de tripler les capacités du nucléaire civil d’ici à 2050, par rapport à 2020. Il s’agit de miser sur une source d’énergie bas carbone, plutôt que sur le charbon et le gaz, qui dominent encore la production électrique dans le monde.

Cette annonce « relance les perspectives des besoins mondiaux en uranium », quitte à alimenter une « certaine spéculation » autour des stocks, analyse Franco Michel-Sendis, spécialiste du combustible au sein de l’Agence pour l’énergie nucléaire (AEN), institution rattachée à l’Organisation de coopération et de développement économiques.

« Il faudra une augmentation significative de l’offre d’uranium à partir de la fin des années 2020 pour répondre à la demande créée par l’augmentation attendue de la capacité nucléaire mondiale », estime Jonathan Cobb, porte-parole de l’Association nucléaire mondiale (WNA), basée à Londres.

Réduire la dépendance à la Russie

Dans l’immédiat, les prochaines mises en service sont surtout attendues en Chine. Sur dix-sept réacteurs mis en marche dans le monde entre 2021 et 2023, six viennent de la première puissance asiatique, selon l’Agence internationale de l’énergie atomique. Après douze ans de retard sur le calendrier initial, la France reste plus modeste : elle attend toujours le démarrage du réacteur pressurisé EPR de Flamanville (Manche), prévu pour 2024. Le gouvernement entend aussi lancer la construction d’au moins six EPR 2, pour une mise en service envisagée au plus tôt pour 2035. « Les besoins en combustible pour la première charge sont d’environ 60 % à 70 % plus élevés que pour les recharges des centrales en exploitation », précise M. Michel-Sendis.

Il vous reste 45% de cet article à lire. La suite est réservée aux abonnés.

Source du contenu: www.lemonde.fr

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles