Pour Apple, le pari risqué de l’informatique spatiale, mélangeant « le monde réel avec un monde numérique »

Share

En 2007, Steve Jobs lançait l’iPhone. En 2024, Tim Cook, son successeur depuis une douzaine d’années, lance le Vision Pro. Il l’a présenté comme étant à l’« informatique spatiale » ce que le Mac est à l’« informatique personnelle » et l’iPhone, à l’« informatique mobile ». Le PDG de la firme de Cupertino (Californie) a expliqué que ce casque de réalité mixte est « un nouveau type d’ordinateur qui augmente la réalité en mélangeant parfaitement le monde réel avec un monde numérique. Vous voyez à travers sans le regarder : vous n’êtes plus limité par un écran, votre environnement devenant une toile infinie ». Plus besoin d’ordinateur ni de souris, ni même de smartphone, pour se divertir, visionner des films, prendre des photos, partager des contenus, faire des achats ou travailler.

Lire aussi | Article réservé à nos abonnés Les smartphones sont-ils voués à disparaître ?

La marque à la pomme rencontrera-t-elle de nouveau le succès avec ce pari audacieux ? Le prix du casque est un premier frein. Fixé à 3 500 dollars (3 250 euros) sans aucune option, il est trois fois et demie plus élevé que celui d’un smartphone haut de gamme d’Apple. La facture monte à 3 900 dollars pour accéder à 1 téraoctet de stockage, au lieu de 256 ou 512 gigaoctets. Sans compter les accessoires qui peuvent porter la facture à près de 5 000 dollars : bandeau, insert optique, batterie supplémentaire, étui de voyage… Apple prend le risque d’être prohibitif.

Niche ou masse ?

D’autant que la concurrence des casques de réalité mixte s’annonce féroce, du géant Meta avec son Quest Pro (trois fois et demie moins cher) au challengeur français Lynx (deux fois et demie moins cher), en passant par le taïwanais HTC avec son Vive XR Elite (trois fois moins cher). Sony est en embuscade avec son futur visiocasque de réalité mixte, qui a été présenté en janvier au Consumer Electronics Show de Las Vegas, grand-messe internationale de la high-tech.

Lire notre archive parue à la sortie de l’iphone en 2007 | L’iPhone, année zéro de l’Internet mobile

De plus, cette nouvelle technologie demandera davantage de temps qu’un smartphone avant que les professionnels et le grand public ne se l’approprient. Au-delà de l’effet de curiosité inhérent à toute innovation, qu’adviendra-t-il des ventes du Vision Pro ? Marché de niche ou marché de masse, les jeux sont ouverts.

Selon l’analyste Ming-Chi Kuo à Taïwan (TF International Securities), Apple aurait reçu entre 160 000 et 180 000 précommandes de son Vision Pro, mi-janvier. Passé cet engouement, les ventes pourraient cependant ne pas dépasser 350 000 exemplaires en 2024. Les projections optimistes de Statista tablent sur 1,5 million d’unités en 2025.

Lire aussi l’enquête : Article réservé à nos abonnés Derrière le flop du métavers, la réussite de la réalité virtuelle

Une chose est sûre, la firme a pris son temps avant de sortir son Vision Pro : près de neuf ans – depuis l’acquisition, en mai 2015, de la société allemande Metaio, spin-off de Volkswagen, spécialisée en réalité augmentée. En cas de succès, ce casque pourrait permettre à Apple d’être moins dépendant de ses iPhone. D’après les derniers résultats annuels, clos le 30 septembre 2023, les smartphones pèsent encore pour 52,3 % de son chiffre d’affaires global annuel, soit 200,5 milliards de dollars (28,3 milliards de dollars pour les iPad et 29,3 milliards de dollars pour les Mac) sur un total de 383,2 milliards de dollars.

Source du contenu: www.lemonde.fr

Table of contents

Dernières nouvelles

Dernières nouvelles