Pouvoir d’achat : depuis quatre ans, les revenus du travail n’ont pas enrichi les Français, selon l’OFCE

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Le travail est peut-être un « devoir », selon le premier ministre, Gabriel Attal, mais il ne paie plus guère. Les quatre dernières années que vient de vivre l’économie française, ponctuées par deux crises majeures, celles dues au Covid-19 et à l’inflation, se traduisent par un découplage croissant entre le salaire et le pouvoir d’achat des ménages. Un phénomène que vient de mettre en évidence l’Observatoire français des conjonctures économiques (OFCE) dans une note publiée jeudi 15 février.

Les experts de l’institut d’études économiques résument la situation ainsi : « Le pouvoir d’achat est tiré [depuis 2019] par d’autres composantes du revenu que le salaire : il est essentiellement soutenu par le dynamisme des revenus du patrimoine d’abord et les baisses de fiscalité ensuite. Par contre, les prestations sociales jouent un rôle négatif sur le pouvoir d’achat, notamment en raison des décalages d’indexation – par exemple, les pensions de retraite ont été augmentées le 1er janvier dernier, et ne jouent donc pas sur le pouvoir d’achat de l’année 2023 », résume Mathieu Plane, l’un des quatre auteurs de cette note, aux côtés d’Ombeline Jullien de Pommerol, Raul Sampognaro et Pierre Madec.

Ce phénomène est inédit depuis plus de trois décennies. Et il met encore davantage en évidence, s’il le fallait, la nécessité de faire en sorte que « le travail paie mieux », comme le répète à l’envi l’exécutif.

Explosion du coût de la vie

Selon les travaux des économistes de l’OFCE, pendant la « période Covid », de 2019 à 2021, le pouvoir d’achat (ramené par unité de consommation, ou UC, une mesure utilisée pour tenir compte de la taille des ménages) a augmenté de 350 euros en moyenne par an. Mais cette augmentation de 1,8 % provient surtout des prestations sociales exceptionnelles mises en place au travers du « quoi qu’il en coûte » (+ 280 euros), comme le chômage partiel par exemple, et des baisses d’impôts (+ 120 euros). Les revenus du travail, ont plutôt pesé négativement (– 30 euros) sur le pouvoir d’achat.

De 2021 à 2023, la crise inflationniste a changé la tendance. Le pouvoir d’achat a alors, avec une hausse de 10 euros seulement par an et par UC, quasiment stagné. En cause, la faiblesse des revalorisations salariales tandis que le coût de la vie explosait ; entre mi-2021 et 2023, l’indice des prix à la consommation a crû de plus de 11 %. L’énergie a gagné 36 % et l’alimentaire de 21 %, alors que ces deux postes représentent environ un quart de la consommation totale des ménages. Et, sur cette période, les revenus du travail contribuent pour 70 euros à l’évolution du pouvoir d’achat, alors que les prestations sociales l’amputent de 530 euros.

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Source du contenu: www.lemonde.fr

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