Historique, le budget du gouvernement de Keir Starmer, dévoilé le 30 octobre, l’est à plus d’un titre. Il est le premier défendu par une femme, Rachel Reeves, 45 ans, la chancelière de l’Echiquier. Cette fonction-clé de la monarchie parlementaire britannique, qui existe depuis l’ère médiévale, a jusqu’à présent toujours été occupée par un homme. Il s’agit aussi du premier budget d’un cabinet Labour après quatorze années de domination conservatrice, à laquelle la gauche britannique a mis fin après sa victoire aux élections générales de juillet.
Enfin, ce budget, que M. Starmer annonçait comme « douloureux » dès l’été dernier, prévoit des hausses d’impôts inédites de 40 milliards de livres sterling par an (48 milliards d’euros), mais aussi une énorme enveloppe de 100 milliards de livres sterling d’investissements sur cinq ans, pour, selon Rachel Reeves, « reconstruire » le Royaume-Uni et ses services publics, qui sont « sur leurs genoux » pour avoir été négligés par les conservateurs.
Si la chancelière impose de telles hausses d’impôts, c’est à cause, a répété cette ex-économiste à la Banque d’Angleterre, de « l’état lamentable dans lequel les conservateurs ont laissé le pays », notamment, d’un trou de plus de 20 milliards de livres sterling dans les finances publiques en 2024 (différentiel entre les dépenses engagées et les recettes prévues au Trésor) qu’aurait « caché » le cabinet du conservateur Rishi Sunak. Pour tenir la promesse de campagne du Labour de ne pas alourdir les impôts des « travailleurs », Rachel Reeves a cependant annoncé que l’essentiel des hausses d’impôts serait supporté par les entreprises ou proviendrait des revenus du capital.
Pas de « retour à l’austérité »
La contribution patronale à la National Insurance (qui sert à financer certaines allocations sociales) va augmenter de 1,2 %, l’impôt sur les bénéfices du capital va passer de 10 % à 18 %, restant un des plus faibles des pays du G7. La chancelière a aussi annoncé une hausse des taxes sur l’héritage, sur les billets d’avion en jets privés, une TVA à 20 % sur les frais de scolarité des écoles privées ou la fin de l’avantageux statut de « non-dom », qui permettait à des non-Britanniques résidant en permanence dans le pays de ne pas être fiscalisés au Royaume-Uni. Enfin, Rachel Reeves a promis qu’il n’y aurait pas de « retour à l’austérité », mais des départements déjà en difficulté (comme le transport ou surtout la justice) vont devoir à nouveau se serrer la ceinture.
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