Salon de l’agriculture : le mouvement des Soulèvements de la Terre non convié au grand débat prévu par Emmanuel Macron

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Le grand dialogue souhaité par Emmanuel Macron au Salon de l’agriculture subit déjà un coup de canif. Mise notamment sous pression par la FNSEA, l’Elysée a finalement préféré, jeudi 22 février, ne pas convier à cette discussion le collectif des Soulèvements de la Terre dont le gouvernement voulait la dissolution il y a quelques mois.

Emmanuel Macron avait initialement prévu un grand échange avec « l’ensemble des acteurs du monde agricole », samedi 24 février, jour d’ouverture du Salon de l’agriculture, « pour esquisser l’avenir » de la filière, d’après l’Elysée. Mais l’organisation de ce débat calqué sur le modèle des grandes discussions mises en place pendant la crise des « gilets jaunes » a été contrariée par le refus du président du syndicat agricole majoritaire FNSEA de voir participer les Soulèvements de la Terre,

« L’invitation par le PR [président de la République] au #SIA [Salon international de l’agriculture] d’un groupuscule dont la dissolution a été demandée par son propre gouvernement est une provocation inacceptable pour les agriculteurs. J’avais accepté de participer à un débat. Dans ces conditions, je refuse de prendre part à ce qui ne sera qu’une mascarade », a ainsi posté, jeudi soir, sur la plate-forme X, Arnaud Rousseau.

L’invitation du collectif, qualifié d’« écoterroriste » par le ministre de l’intérieur Gérald Darmanin, a également provoqué la colère du président des Jeunes Agriculteurs Arnaud Gaillot. « Il n’y a pas de débat possible avec ces gens violents », a-t-il posté sur X, refusant lui aussi de participer.

L’opposition s’est aussitôt engouffrée dans la brèche. « Décidément, Macron n’incarne rien d’autre que la confusion, le mépris et le désordre », a réagi la cheffe de file de l’extrême droite Marine Le Pen. Le président des Républicains Eric Ciotti a lui dénoncé un « “en même temps” macroniste (…) insupportable ».

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« Esquisser l’avenir »

Après quelques instants de flottement, l’Elysée a finalement décidé de ne pas convier les Soulèvements de la Terre, « pour garantir la sérénité des débats ». La présidence souhaitait pourtant des échanges « ouverts, francs et transparents », « sans filtre », « dans un état d’esprit républicain ».

Ce débat doit durer au moins deux heures et est censé réunir les principaux responsables des syndicats agricoles (FNSEA, Jeunes agriculteurs, Coordination rurale, Confédération paysanne, etc.), mais aussi des représentants de la grande distribution et des industriels. Plusieurs responsables d’associations environnementales sont également invités comme le Réseau Action Climat et Générations Futures. « L’ensemble des acteurs pourront donner leur point de vue, faire des propositions, confronter des idées », a promis la présidence.

Les atermoiements autour de ce débat sont survenus alors que les agriculteurs, en colère depuis plusieurs semaines, maintiennent la pression sur le gouvernement. Une centaine d’entre eux ont manifesté jeudi à Arras à l’appel de la Coordination rurale pour réclamer des « actes ».

« Je ne pensais pas encore une fois redescendre dans la rue, je préférerais être dans ma ferme à travailler », mais « des annonces ont été faites et il n’y a toujours rien de concret », a déploré par exemple Adrien Spriet, venu garer son tracteur devant la préfecture où une délégation a été reçue dans l’après-midi.

Plusieurs actions sur le territoire

Dans l’Oise, des agriculteurs ont défilé à Beauvais sur quatre-vingts tracteurs jusque devant la préfecture. Des opérations escargot ont aussi eu lieu sur les routes de ce département, à l’initiative de 400 agriculteurs, d’après la FDSEA. « On attend l’intervention du président [Emmanuel Macron] parce que ce qu’a annoncé le premier ministre, Gabriel Attal, ne nous satisfait pas », a expliqué Linda Monnier, directrice de la FDSEA de l’Oise.

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M. Attal se rendra vendredi en Charente-Maritime où il visitera le marché de Royan puis rencontrera notamment des représentants des agriculteurs. Mercredi, le premier ministre a récapitulé les dizaines d’engagements et chantiers déjà lancés pour répondre à la colère du monde agricole. De nouvelles mesures ont été annoncées sur les visas des saisonniers étrangers, les pesticides, avec l’abandon d’un indicateur controversé, ou encore la rémunération. Ces déclarations n’ont pas empêché plusieurs actions de protestation un peu partout en France.

Jeudi, une vingtaine d’actions ont eu lieu sur le territoire, dont un tiers engagées depuis mercredi, selon une source policière (blocages de plates-formes, bases logistiques, échangeurs autoroutiers…). Des préfectures et sous-préfectures ont aussi été visées.

D’après une source policière, des agriculteurs espagnols envisagent la semaine prochaine des blocages à la frontière avec la France, en espérant être rejoints par des agriculteurs français.

Le Monde avec AFP


Source du contenu: www.lemonde.fr

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