C’est dans ta nature – Faut-il avoir peur des serpents?

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Cette chronique va vous rassurer. Contrairement à une idée ancestrale, l’être humain n’est pas une proie pour les reptiles mal-aimés. Et seule une minorité est venimeuse.

Dans un bref sifflement, un serpent vient de se jeter sur sa proie. Et il y a assez peu de risques que ce soit un humain, contrairement à une idée répandue chez l’espèce humaine, qui assimile tout serpent à un danger mortel. Plus de 3 000 espèces de serpents vivent sur terre et en mer et 20% seulement sont venimeux.

Et encore, certains, comme la vipère, ne crachent pas forcément leur venin. « Elle ne va pas paumer son venin pour nous qui ne sommes pas une proie, explique Françoise Serre Collet, herpétologue, spécialiste des amphibiens et des reptiles, au Museum national d’histoire naturelle à Paris. Un serpent ne mord qu’à partir du moment où il n’a pas le temps de fuir, à partir du moment où il se sent agressé. Bah, il se défend, comme moi aussi, je peux mordre ! Si vous m’enquiquinez, je vous croque ! »

Le serpent tentateur

Nous voilà rassurés : un serpent mord rarement un humain. Mais l’humain peut provoquer sa mort, en le chassant, en détruisant son habitat naturel. Les populations de serpents diminuent partout. « Ils ne font pas des migrations, et donc à partir du moment où le serpent est considéré comme une espèce dangereuse à la fois pour l’humain et pour le bétail, il s’avère qu’il est tué », se désole l’auteure de Cinquante idées fausses sur les serpents, publié aux éditions Quae.

Le serpent a mauvaise réputation, en particulier dans les sociétés judéo-chrétiennes, depuis Eve, Adam et le serpent tentateur… « Il rampe, il n’a pas de bras, pas de pieds, il sort de nulle part, de dessous la terre, donc aussi des enfers… Comment voulez-vous qu’on puisse aimer cette bestiole ?! Depuis 2 000 ans, on nous rabâche qu’on a perdu le paradis originel à cause d’un serpent », rappelle Françoise Serre Collet.

Tueur et tué

Il arrive, c’est vrai, que des serpents tuent des humains. Environ 60 000 morts par an dans le monde, essentiellement en Inde, parce que l’accès aux anti-venins y est compliqué dans les campagnes. Sur le continent africain, c’est au Nigeria où on dénombre le plus de décès par morsure de serpent. Et en France, pas un seul mort depuis plus de dix ans.

Les serpents tuent et se font tuer, par les humains et d’autres animaux. D’autres reptiles, comme les crocodiles. Des mammifères : la mangouste, le ratel ou même le chat. Ou encore des oiseaux, principalement des rapaces. Alors face à ces nombreux prédateurs, une espèce de couleuvre a trouvé la parade. Elle fait la morte – un phénomène appelé thanatose. « Elle se met sur le dos, elle ouvre la gueule. Il y a la langue qui pend, et là elle vous vide son cloaque, et ça pue, vraiment, c’est une horreur ! Et ça, ça veut dire aux prédateurs non-charognards : je suis morte, je suis pourrie, tu ne peux pas manger un truc qui pue la charogne ! », s’amuse Françoise Serre-Collet, qui publiera en septembre un nouveau livre consacré à ses idoles, intitulé Des vipères et des hommes, aux éditions Quae. Pour ne plus avoir peur des serpents.

La question de la semaine

« Les oiseaux dansent-ils sous l’orage ? »

On vous a déjà parlé des dégâts que causaient les tempêtes sur les oiseaux marins. Donc, à cette question inspirée de la chanson de Zaho de Sagazan La Symphonie des éclairs (« Moi si j’étais un oiseau, j’irais danser sous l’orage »), la réponse est clairement : non, ils ont plutôt tendance à les fuir… A part une espèce, qui elle, au contraire, adore les ouragans, selon une étude publiée la semaine dernière. Le pétrel du désert, un oiseau marin, peut faire des milliers de kilomètres pour traverser l’Atlantique et trouver un ouragan. Parce que les cyclones bouleversent les courants marins et font remonter à la surface des espèces normalement présentes en profondeur : des poissons, des crustacés… Le pétrel s’en régale. L’appel du vent est un appel du ventre.

Source du contenu: www.rfi.fr

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