La pomme de terre est le produit de la terre le plus consommé par l’humanité – en dehors des céréales – et classée pilier de la sécurité alimentaire mondiale. Récit d’une conquête planétaire partie d’Amérique du Sud.
C’est l’histoire d’une success story planétaire. La pomme de terre, ou la patate, est aujourd’hui, hormis les céréales – le riz ou le blé –, le produit de la terre le plus consommé sur Terre. « Tout le monde aime la pomme de terre ! », souligne la journaliste Marie-Laure Fréchet, qui lui a consacré un ouvrage, Le Grand livre des patates (éditions Flammarion).
Solanum tuberosum n’a pratiquement que des avantages, à tel point que l’agence des Nations unies pour l’agriculture et l’alimentation (FAO) considère la pomme de terre comme un pilier de la sécurité alimentaire mondiale.« Quand on maîtrise sa culture, c’est très productif, peu onéreux. On peut la produire sous différents climats. C’est une culture relativement facile, qui se conserve, et ça aussi, c’est important, relève Marie-Laure Fréchet. C’est une source de glucide, un féculent, indispensable à l’alimentation. On mange moins de pain, mais on mange un peu plus de pomme de terre. »
La patate n’est pas une pomme
Chaque année, 375 millions de tonnes de patates sont cultivées dans quelque 150 pays. Mais cela n’a pas toujours été le cas pour une plante domestiquée dans les Andes, en Amérique du Sud, il y a approximativement 12 000 ans. Les conquistadors espagnols la ramènent en Europe au XVIe siècle, comme la tomate, de la même famille que la patate. Mais elle a du mal à s’imposer.
« Contrairement au cacao par exemple, à d’autres produits exotiques qui ont pu être ramenés, on ne sait pas trop quoi faire de la pomme de terre, raconte Marie-Laure Fréchet. On lui trouve toutes sortes de défauts. Bien moins savoureuse qu’aujourd’hui, elle était sans doute assez amère. Et surtout, on se méfiait de ce qui venait de la terre. On ne savait pas trop ce que c’était et c’est pour ça qu’on l’a appelé pomme de terre. Mais la pomme de terre n’est pas une pomme, elle n’est pas un fruit. »
La patate, en effet, ne pousse pas dans les arbres, mais bien dans la terre ; c’est un tubercule, et du point de vue de la botanique, c’est bien un légume. La conquête mondiale de la pomme de terre commence par l’Espagne donc, l’Europe du sud, mais aussi l’Allemagne : « Il y a même eu un édit d’un empereur de Prusse pour obliger les Allemands à cultiver chacun un petit lopin de pomme de terre. » Mais en France, pendant longtemps, la patate nourrissait seulement les cochons.
Frites françaises
La France, depuis, s’est rattrapée : elle est le premier pays exportateur au monde, et aussi le troisième pays d’Europe en termes de consommation, derrière l’Allemagne et la Pologne. Et c’est à Paris qu’on a inventé les frites, il y a plus de 200 ans. « La frite a fait beaucoup pour la promotion de la pomme de terre, parce qu’elle sublime son goût », estime Marie-Laure Fréchet, Grande huile de la Confrérie de la frite fraîche maison. « Dans la région des Hauts-de-France, on est en train d’implanter de nombreuses usines de frites pour exporter des frites surgelées en Chine et en Inde. »
La Chine, par sa taille, est devenue le premier producteur mondial de pomme de terre. En Afrique, la patate, qui demande quatre fois moins d’eau que la culture du riz, a réellement pris son essor ces 30 dernières années, et elle est aujourd’hui la quatrième culture vivrière. Partout dans le monde, la patate donne la frite, la pêche, la banane, ou… la patate.
La question de la semaine
« Pourquoi Dieu a fait le ciel si haut ? »
« Pour éviter que les oiseaux se cognent en volant… » Il s’agit d’une réplique tirée du film de Martin Scorsese The Irishman. Et c’est vrai que certains oiseaux volent très haut dans le ciel, notamment les oiseaux migrateurs, qui accomplissent de grandes distances et profitent des vents puissants en altitude. Mais le record du monde appartient à un rapace, le vautour de Rüppel, qu’on trouve en Afrique de l’Ouest, capable de voler à plus de 11 000 mètres. On le sait parce que c’est exactement à 11 300 mètres d’altitude qu’un vautour de Rüppel a percuté un avion, en 1973, dans le ciel d’Abidjan. Et pour une fois, pour terminer cette chronique, on évitera une chute qui ne vole pas très haut…
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